Andrée Christensen : À bout de ciel
L’Ottavienne Andrée Christensen effectue un retour probant avec son deuxième roman, La Mémoire de l’aile, qui s’avère une placide excursion vers une réalité autre pour quiconque s’aventure en ces pages.
"Je suis une poète qui écrit des romans", affirme d’emblée Andrée Christensen, à l’autre bout du fil. La feuille de route de cette écrivaine originaire de Vanier – le quartier d’Ottawa, oui – le confirme de façon probante: douze recueils de poésie, un récit, neuf traductions littéraires et deux romans… La dame affirmerait avoir vendu son âme à la poésie en échange de quelques vers idylliques qu’on n’en serait pas surpris. "La poésie, on la retrouve partout. Pour moi, c’est une façon de vivre, de concevoir le monde et de voir la vie. La poésie, pour moi, c’est une façon d’être."
Pour Andrée Christensen, il existe un abîme immense entre sa première oeuvre romancière, Depuis toujours, j’entendais la mer (parue aux Éditions David en 2007 et suivie de critiques apologétiques) et sa nouvelle brique, La Mémoire de l’aile, tant les différences sont importantes de l’une à l’autre. "La Mémoire de l’aile est complètement différent, à la fois dans le ton, l’atmosphère et le message, explique l’écrivaine. Dans Depuis toujours, j’entendais la mer, j’avais presque une mission, qui était d’essayer d’inviter le lecteur à faire face à ses peurs concernant la mort. Je voulais inviter le lecteur à réfléchir à ce sujet. J’ai d’abord et avant tout écrit La Mémoire de l’aile pour le pur plaisir de l’écriture."
Malgré l’absence d’une quelconque "mission" pour ce deuxième roman, un thème récurrent refait tout de même surface au fil du récit: la lutte contre le conformisme, la normalité et les préjugés par rapport à la différence. Au coeur du scénario, une héroïne qui se nomme à la fois Mélusine, Angéline et Lilith. Artiste excentrique et marginale, cette jeune femme aux trois prénoms fera face, au fil des chapitres, à plusieurs péripéties qui permettront au lecteur, espère Andrée Christensen, de remettre en question certaines idées préconçues typiques à l’humain. "J’ai essayé d’inviter le lecteur à redéfinir ses critères de normalité puis à remettre en question tous les préjugés de notre société face à la différence."
Façonné par un style littéraire gracieux, efficace, et flanqué d’une trame poétique parsemée de références symboliques et mythologiques, La Mémoire de l’aile convie le lecteur vers une autre dimension. "J’ai tenté de livrer ici un ouvrage profondément ancré dans la réalité du rêve, précise l’auteure. Je voulais ouvrir une porte sur un réel qui est autre et sur une dimension plus intemporelle. Mon but, avec ce roman, c’est de faire rêver le lecteur", conclut Andrée Christensen.
La Mémoire de l’aile
d’Andrée Christensen
Éd. David, 2010, 371 p.