Lucie Dufresne : Neige mexicaine
Entre tourisme et narcotrafic, Neige maya est un thriller efficace où le Mexique tient le premier rôle.
Au moment où le Québécois moyen commence à magasiner les forfaits tout inclus, Lucie Dufresne nous transporte en marge des hauts lieux de la plaisance que sont Cancún et la Riviera Maya avec un thriller bien ficelé prenant pour décor l’État du Quintana Roo, territoire ancestral maya. Inspirée par le développement accéléré de cet État depuis les années 70, sous l’impulsion du tourisme international, Dufresne montre de quelle manière la corruption et le narcotrafic ont explosé de concert avec l’essor économique.
Le livre débute avec le départ pour le Mexique d’une jeune étudiante montréalaise de 23 ans, Anik, dont le mémoire de maîtrise porte sur l’impact du tourisme sur les Mayas. Sa directrice lui confie une mission qu’elle devra mener en parallèle, au profit d’un organisme appelé Transparence Mondiale: il s’agit de valider les allégations de corruption fournies par un mystérieux informateur. Rendue sur place, la jeune chercheuse n’aura pas à fouiner longtemps avant que la corruption et la contrebande ne lui sautent aux yeux – et que la cocaïne ne lui saute au nez!
Outre la soif de connaître le fin mot de l’histoire, l’attrait de Neige maya repose certainement sur la vraisemblance des faits qui nous sont racontés par Dufresne, elle-même détentrice d’un doctorat portant sur la civilisation maya. Le sort de la population et de la culture mayas condamnées à se dissoudre dans une modernité toxique en constitue le véritable enjeu. S’ajoutent de réelles références au quotidien mexicain, des plats de fèves à la musique de Los Tigres del Norte sur les ondes de la radio. On ne peut que savourer ces petits détails qui font "comme si vous y étiez". Hélas, le personnage principal ne peut compter sur pareille crédibilité et n’est pas à la hauteur du rôle que l’écrivaine entend lui faire jouer. Sa naïveté, sa maladresse et son inexpérience en font un agent secret médiocre auquel personne n’aurait confié une mission aussi dangereuse; même sa directrice admet qu’elle risque une "balle dans la tête". On ne peut qu’espérer que l’esprit d’aventure dont fait preuve Anik lui vaudra une bonne note à son retour!
Somme toute, une lecture à faire avant ou pendant sa prochaine semaine dans le Sud.
Neige maya
de Lucie Dufresne
Éd. VLB, 2010, 480 p.