David Ménard : All you need is love?
Dans son baptême du roman Nous aurons vécu nous non plus, l’auteur est-ontarien David Ménard lie le romantisme du roman épistolaire avec la déchéance bien moderne des relations interpersonnelles contemporaines.
"Je le vois comme un statement, ce petit roman. J’avais envie de parler de l’amour dans l’ère postmoderne. De nos jours, l’amour que nous vivons n’est pas nécessairement celui auquel nous sommes exposés dans les livres ou au cinéma", affirme d’emblée l’auteur originaire de Green Valley dans l’Est ontarien David Ménard au sujet de Nous aurons vécu nous non plus, sa première oeuvre. "Je traite de ces êtres qui chérissent une vision qu’on pourrait qualifier de "vieillotte" de l’amour et qui, une fois exposés aux moeurs disloquées par la surconsommation et l’attrait de la nouveauté, se heurtent à un vide. C’est de ce vide que je parle."
L’amour du récit, il se vit à la lecture des lettres manuscrites – "lieu de l’intériorité, la lettre permet de parler de l’amour de façon singulière", mentionne Ménard – de trois personnages: Honey-Comble, le bellâtre gai; le personnage central Ovide-Lyre, qui lui voue un amour passionnel qui fait fi des schèmes relationnels modernes; et Vava-Cuitée, la meilleure amie, tendre et touchante, qui tente de consoler ce dernier au fil des désillusions et déceptions. "Ovide-Lyre croit à l’exclusivité sexuelle et amoureuse. C’est lui qui va être à l’origine de l’échange épistolaire entre son ancien amant et son amie", explique l’auteur de 26 ans détenteur d’une maîtrise en lettres françaises de l’Université d’Ottawa.
Si Nous aurons vécu nous non plus pose un dur regard au sombre dénouement final sur les relations homosexuelles, Ménard affirme toutefois ne pas souhaiter qu’on catégorise son roman dans la littérature gaie. "Si les enjeux dramatiques se passent entre deux hommes, je crois que mes propos se transposeront facilement dans n’importe quel type de relation. Les désenchantements surviennent dans tous les couples."
"L’écriture de ce roman m’a permis de comprendre les déceptions que les gens vivent autour de moi. J’ai l’impression que nos attentes sont surdimensionnées par rapport à l’amour, qu’on ne peut pas s’empêcher d’être déçus. On ne peut pas s’attendre à ce que l’autre soit tout: l’ami, l’amant, le confident, la famille… C’est s’exposer à l’échec", termine-t-il.
Nous aurons vécu nous non plus
de David Ménard
Éd. L’Interligne, 2011, 80 p.