Spectatrice de sa propre vie, une femme «invisible aux yeux des hommes» fréquente le Café lunaire dans l’espoir d’être remarquée par un bel Italien qui y a ses habitudes. La neige qui envahit tranquillement les rues de Paris fera ressurgir ses souvenirs de l’Aubrac enneigé où, à la veille de mai 68, elle était allée distribuer des tracts avec un amour de jeunesse. Songeant aussi à un parcours en train entre Milan et Ferrare où le paysage s’était voilé du même blanc, elle mesurera l’étendue entre le présent et ce temps définitivement révolu, marqué par les «désordres du monde». Écrivaine française, auteure du Canapé rouge (finaliste au Goncourt 2007), Michèle Lesbre a choisi la maison québécoise Héliotrope pour publier cette fort belle novella parcourue d’un souffle durassien et par le motif d’un désert blanc, à l’image d’un effacement que la narratrice envisage tour à tour avec nostalgie et résignation. Éd. Héliotrope, 2011, 91 p.