Frankétienne : Rapjazz – Journal d’un paria
Puissant chant d’amour adressé par Frankétienne à sa ville natale, ce Rapjazz porte en lui tout ce que porte le sentiment amoureux: élan, désir, fièvre des corps, oui, mais aussi inquiétude, silence, douleur. En optant pour une chronique poétique où s’embrassent le créole et le français, l’immense créateur haïtien donne libre cours au fleuve de mots et d’émotions contraires que provoque en lui la traversée de Port-au-Prince, au propre comme au figuré, au passé comme au présent et même au futur. Ville «entortillée d’échecs» mais vivante, ivre de couleurs, formidablement sexuée, que le poète veut ensemencer par tous les moyens, physiques et esthétiques, jusqu’à s’épuiser, jusqu’à vomir «de l’or pur / dans un creuset d’ordures». Au bout de la traversée, conquis, on se pose inévitablement la question que pose Rodney Saint-Éloi dans sa préface: «Que serait Port-au-Prince sans Frankétienne?» Éd. Mémoire d’encrier, 2011, 138 p.