Lise Dion : Pour elle
Enfant, Lise Dion, invitée d’honneur du Salon du livre, avait toujours été intriguée par la malle bleue que sa mère adoptive lui interdisait d’ouvrir, sous peine de réprimandes. Ce n’est qu’après sa mort qu’elle en a découvert le contenu…
Un mandat d’arrêt rédigé en allemand, des passeports, des photos, un missel, des images saintes… En plus de comprendre qu’Armande Martel, sa mère, avait été détenue dans un camp nazi pendant la Deuxième Guerre mondiale, Lise Dion a aussi appris, en vidant le fameux coffre, qu’elle avait jadis porté le voile: "Ce qui m’a surpris, c’est qu’elle ait été religieuse. Je ne m’attendais pas à ça. La deuxième chose qui m’a jetée par terre, ce sont les papiers d’arrestation. En ayant les papiers entre les mains, j’ai réalisé qu’elle avait vraiment participé au conflit mondial, qu’elle en avait été un otage."
Ce parcours peu banal, l’humoriste a senti le besoin de le rendre public. "Des histoires de Québécois qui avaient subi les conséquences de la Seconde Guerre mondiale, on n’en avait pas beaucoup entendu parler. Mais, au départ, mon geste, c’était vraiment de rendre hommage à ma mère", souffle-t-elle en parlant de son premier livre, Le secret du coffre bleu, un touchant récit raconté depuis l’angle de celle qui l’a élevée.
Ce projet aura exigé quatre ans de recherches et d’entrevues. "J’ai par exemple rencontré les soeurs de la Présentation qui restent au Saguenay. Mais c’est compliqué de faire parler les gens sur cette période-là. Je sentais qu’il y avait des secrets. On aurait dit qu’elles ne me faisaient pas assez confiance. Je les comprends: une humoriste qui écrit un livre, c’est dur de prendre ça au sérieux sans avoir peur des moqueries."
Pour se documenter, la femme de coeur a donc passé de longues heures dans le bureau des archives du Saguenay, a épluché des livres historiques et fait des recherches sur Internet. Un exercice laborieux, mais pas autant que celui d’écrire. "On a beau s’asseoir un matin avec un calepin et dire "Je commence à écrire", de là à le faire dans le but d’être éditée, il y a un grand pas (rires), et un monde extrêmement douloureux. Des fois, j’entendais des auteurs raconter en entrevue que leur livre était devenu physique, qu’ils avaient mal partout. Je me disais: "Voyons donc, c’est bien exagéré." Plus jamais je ne vais remettre ça en doute", lance celle qui a été malade pendant la rédaction de son bouquin.
Maintenant que Le secret du coffre bleu est lancé, comment se sent-elle? "En 24 ans de carrière, c’est la chose dont je suis le plus fière. Jamais je ne pensais me rendre au bout de ce projet. Quand j’ai vu le livre édité avec la photo de ma mère, j’ai vraiment été émue. Ça a été l’un des plus beaux moments de ma vie."
Le secret du coffre bleu
De Lise Dion
Libre Expression, 2010, 208 p.