La décision d’une juge ontarienne invalidant les dispositions relatives à la prostitution du Code criminel a inspiré cet essai percutant de Marie-Pierre Boucher. Inscrivant le travail du sexe à l’intérieur des questions plus générales des relations de travail et du rôle sexuel de la femme, la sociologue trace des parallèles entre la prostituée et n’importe quelle autre travailleuse dans un contexte où «le salariat et la société de consommation contraignent à des rapports de soumission / domination». Relevant également ce qui distingue le travail de la prostituée, marquée par le stigmate de la «souillure» qui permet aux autres femmes d’incarner l’idéal bourgeois, Boucher conclut sur une idée intéressante selon laquelle en reléguant les travailleuses du sexe en marge du salariat, la société se prive de la réflexion et du savoir-faire de tout un groupe professionnel en matière de relations et de conditions de travail. Éd. Poètes de brousse, coll. «Essai libre», 2011, 82 p.