Sa psychologue a beau lui dire qu’ils sont le produit de son imagination, les rats qu’il voit envahir son appartement font partie intégrante de son quotidien. Il en est de même des bouts de doigts coupés qu’il trouve au fond de son verre et des lambeaux du corps de cette Sophie, son ancienne amoureuse, qu’il croit avoir tronçonné lui-même. Mais n’a-t-il pas réellement tué Sophie, en fait, ce fameux jeudi (ou vendredi) à la fin d’un souper de la Saint-Valentin? Pour son premier roman (réussi), Pierre de Chevigny a entrepris de mimer la voix de la folie par l’intermédiaire d’un narrateur déchiré entre son univers intérieur et ses sorties dans le vrai monde où il va à la rencontre de ses amantes et de ses amis. Avec ses phrases brèves et la forme fragmentaire de sa narration, le texte étonne agréablement par un lyrisme qui, tout en suggérant la fragilité du personnage, dégage une force virile, assumant sa différence. XYZ éditeur, 2011, 162 p.