Serge Lamothe : Les Urbanishads

Belle délicatesse de la part de Serge Lamothe que de dédier sa "Prose du car d’Albuquerque", la suite qui ouvre Les Urbanishads, à Blaise Cendrars. Les transports en commun agissent sur ces deux preneurs de notes allumés et illuminés (pardonnez l’euphémisme) comme un révélateur. "Le car pour El Paso passe tous les dimanches matin / Sans qu’il soit possible de ne pas y monter / Pour le cas où ce serait le dernier car / ou le dernier dimanche / ou le dernier matin / Le Rio Grande est affamé de proies sincères / Et je suis noir des distances encore à parcourir". "Pour dire avant la nuit", la deuxième suite, moins narrative, danse une valse-hésitation avec l’immédiateté des plaisirs charnels. Un bel objet qui confirme Lamothe, romancier, nouvelliste et dramaturge, dans son titre d’écrivain tout-terrain. Éd. Le lézard amoureux, 2010, 67 p.