Catherine Mavrikakis : Valeur sûre / livres québécois
Éric Paquin
Photo : Marie-Reine Mattera
Après son chef-d’oeuvre Le ciel de Bay City, couronné de nombreux prix et d’échos plus que favorables de l’autre côté de l’Atlantique, Catherine Mavrikakis poursuit sa fresque américaine jusque dans les arcanes de ces geôles où patientent les condamnés à la peine capitale. Roman polyphonique au titre hugolien, Les derniers jours de Smokey Nelson se déroule simultanément dans plusieurs États, laissant la parole à des meurtriers et à des parents de leurs victimes. Une oeuvre à l’échelle continentale qui renoue avec le thème de la mort auquel l’écrivaine s’était attaquée dans son brillant oratorio sur fond de guerre Omaha Beach, mais aussi dans un essai qu’elle a signé en 2005 (Condamner à mort). Éd. Héliotrope. En librairie le 6 septembre.
Et si la peine de mort en venait à se confondre avec le suicide assisté, dans la culture pénitentière américaine?
Supposons que vous êtes condamné à mort. À moins d’accorder très peu d’importance aux assassinés et nous trouvant devant un criminel qui ne connaît rien d’autre, quel choix lui accorder? 25 ans ferme ou la mort consentie. L’assassin se trouverait confronté à un libre arbitre qui n’engagarait que lui.
S’il choisit les 25 ans, alors il se croit capable de rédemption, ou chez un être totalement perverti, cela l’empêche à tout le moins de récidiver rapidement.
S’il choisit la mort, alors, c’est sa liberté d’homme soumise à l’épreuve suprême, et qui donc, chez nos écrivains de tout poil, pourrait alors lui enlever cette liberté, sois-disant au nom de l’art ?
L’être humain confronté à la mort, confronté à sa propre mort. Mavrikakis est habité par l’obsession de la mort et du regard des autres quant à la mort en général. Une fois de plus, l’auteure nous amènera à se questionner sur notre rapport à la mort.