Écrits des Forges : Feuille de route
Octobre aura un parfum particulier pour les Écrits des Forges. Dans le cadre du FIPTR, la maison d’édition trifluvienne, qui célèbre ses 40 ans, rendra hommage à ses fondateurs.
1971. Le poète Gatien Lapointe (Ode au Saint-Laurent) reçoit une invitation de l’Université du Québec à Trois-Rivières, alors nouvellement fondée, pour venir enseigner entre ses murs. Il accepte le défi, mais sous certaines conditions, dont celle d’obtenir l’argent nécessaire pour démarrer une petite maison d’édition qui pourra publier les meilleurs travaux de ses élèves. C’est de cette graine que naîtront les Écrits des Forges.
Quarante ans plus tard, le germe a engendré un arbre solide. Les Écrits des Forges n’impriment plus seulement les livres de deux ou quatre étudiants par année, mais ceux d’une cinquantaine de poètes du Québec et d’ailleurs dans le monde. "On essaye d’avoir un panorama", commente le directeur actuel, Stéphane Despatie. "On publie des inconnus, des auteurs canoniques et de la relève." Un lien entre eux? La particularité des Écrits des Forges, "c’est l’éclectisme. Ç’a toujours été une maison d’édition qui a choisi des livres de qualité avant de choisir des livres qui correspondent à une chapelle, à une idée précise. Ensuite, un aspect très particulier aux Écrits, c’est que la poésie voyage". Grâce à des partenariats avec des éditeurs d’autres pays, la maison traduit des auteurs comme le Mexicain Jaime Sabines ou le Vietnamien Cu Huy Can, mais elle permet aussi à des écrivains québécois d’atteindre le marché international.
Les Écrits des Forges ne roulent pas sur l’or. Pas de millions à faire avec la poésie. Il reste cependant que les états financiers de la maison d’édition sont surprenants. Despatie explique ce "succès" par une saine gestion et par le ratio des livres imprimés et vendus. "Si tu fais un roman historique populaire, dans le sens du genre, il se peut que tu doives imprimer 10 000 exemplaires pour en vendre 2000. Nous, on en imprime 500 et on en vend 450. Donc, notre taux de succès est énorme! On arrive à écouler pratiquement tous nos livres."
Justement, lesquels de leurs titres ont connu le plus de succès au cours des quatre dernières décennies? "Je vais nommer trois hommes, mais un des succès, c’est d’avoir publié autant d’hommes que de femmes à une époque où ça n’allait pas de soi. Mais, il y a trois livres qui ont marché vraiment beaucoup: Les cendres bleues de Jean-Paul Daoust, Grand hôtel des étrangers de Claude Beausoleil, qui a été monté au théâtre et qui a été réimprimé plusieurs fois, et Vingtièmes siècles de Jean-Marc Desgent. Vingtièmes siècles, ça a créé une cassure. Il y a beaucoup de poètes qui ont avoué avoir été influencés par sa manière d’écrire – une langue déconstruite par quelqu’un qui la maîtrise."
Ce n’est pas tous les jours qu’on a 40 ans. Les Écrits des Forges profiteront donc du Festival international de la poésie de Trois-Rivières (FIPTR) pour célébrer. Le 4 octobre, ils rendront hommage aux membres fondateurs à la bibliothèque Gatien-Lapointe et, le 2, ils inviteront plusieurs de leurs poètes étrangers et québécois à faire une lecture de leurs oeuvres au Zénob.