Catherine Mavrikakis : Les derniers jours de Smokey Nelson
On le savait déjà, l’auteure du Ciel de Bay City connaît intimement les États-Unis, en comprend les idées fixes et les contradictions. En s’intéressant à la peine capitale, sujet qu’elle explore à travers des personnages entretenant des liens divers avec Smokey Nelson, un condamné à mort, Catherine Mavrikakis dit beaucoup sur les ratés du rêve américain, les rapports encore tendus, et plus souvent qu’on ne le croit, entre les Blancs et les Noirs, le fanatisme religieux made in USA… On entre d’abord dans l’univers de Sydney Blanchard, un gars de La Nouvelle-Orléans qui vit maintenant à l’autre bout du pays, accusé autrefois du crime dont Nelson a ensuite été reconnu coupable. On connaîtra ensuite Pearl Watanabe, dont la trajectoire avait croisé celle du tueur, sans qu’elle ne le sache, peu après qu’il eut tué deux enfants et leurs parents. Puis intervient un narrateur des plus troublants, qui n’est autre que Dieu, version violente, Ancien Testament, qui promet au père de l’une des victimes – la mère des enfants – de venger le quadruple meurtre. Nous voilà enfin tout au bout du couloir de la mort, dans lequel Smokey avance depuis une vingtaine d’années maintenant. Si la thématique est grave, le texte demeure d’un bout à l’autre fluide, souvent coloré, au plus près du tempérament des personnages. En résulte un roman difficile à lâcher, qui s’adresse à un public plus large que la plupart des titres de Mavrikakis. Coup-de-poing. Éd. Héliotrope, 2011, 311 p.