Jacques Côté : Du coeur au ventre
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Jacques Côté : Du coeur au ventre

Dans le 2e volet de la série Les Cahiers noirs de l’aliéniste, Jacques Côté nous transporte dans l’Ouest canadien durant la révolte indienne de 1885.

Le premier roman de la série, paru en 2010 et intitulé Dans le quartier des agités, suit Georges Villeneuve durant son premier voyage à Paris, en 1889. Pour sa part, Le Sang des prairies se situe quatre ans plus tôt, en 1885. Villeneuve, 22 ans, est sur le point d’entreprendre ses études en médecine lorsqu’il est appelé à rejoindre le 65e Bataillon de Montréal. Celui qui s’est engagé dans la milice pour payer ses études se retrouve cette fois mêlé au conflit entre le gouvernement fédéral et les Indiens des Territoires du Nord-Ouest, qui réclament un plus grand territoire.

Une longue marche

Par l’entremise de Dans le quartier des agités (gagnant du prix Arthur-Ellis 2011), Jacques Côté mettait l’histoire de Villeneuve au service d’un polar rempli de détails croustillants sur les débuts de la médecine légale. Le Sang des prairies repose sur son talent d’historien, même si certains événements, plusieurs personnages et les dialogues relèvent de la fiction. Le résultat est un western avec quelques éléments de polar.

En racontant cet épisode de la vie de Villeneuve, l’écrivain de Québec reconstitue de façon réaliste un pan peu connu de notre histoire, et met en évidence des faits ayant peut-être aussi influencé son cheminement. Par exemple, le 65e Bataillon a pour mission d’arrêter la rébellion menée par le Métis Louis Riel, mais ce dernier n’est-il pas aussi un Canadien français catholique ayant étudié au Collège de Montréal, tout comme Villeneuve? Le questionnement de Villeneuve est mis en relief par le témoignage de François Lépine, interprète métis et seul survivant du massacre de Lac-à-la-Grenouille, que l’écrivain a inséré au fil du récit. Le pionnier de la police scientifique en Amérique du Nord met aussi à profit ses connaissances en médecine puisqu’il fait partie de la commission d’enquête sur le drame de Lac-à-la-Grenouille. Le segment sur l’identification des victimes est captivant.

Cela dit, le lecteur qui s’attend à un roman policier pur et dur sera peut-être un peu déçu, à cause du mélange des genres. Autrement, Le Sang des prairies est un autre exemple du talent de Côté pour transporter le lecteur à une autre époque, comme si on y était.

Les Cahiers noirs de l’aliéniste, t. 2: Le Sang des prairies
de Jacques Côté
Éd. Alire, 2011, 384 p.

Le Sang des prairies, Les Cahiers noirs de l'aliéniste 2
Le Sang des prairies, Les Cahiers noirs de l’aliéniste 2
Jacques Côté
Alire