Joann Sfar : La comtesse Éponyme (Les Lumières de la France, tome 1)
Le comte et la comtesse Éponyme forment un couple typique de l’aristocratie du 18e siècle. Accompagnée de sa petite chienne Fragonarde qui n’a pas la langue dans sa poche, la dame s’envoie en l’air avec un cuisinier bien membré tout en ruminant des réflexions libertines. Quant au mari, en bon philosophe de son temps, il rédige un pamphlet sur les méfaits du commerce triangulaire, se déculpabilisant ainsi d’avoir fait fortune grâce à la traite des Noirs. Par rapport à ses plus récents albums qui accumulaient les redites, c’est un Joann Sfar renouvelé qui signe ces truculentes Lumières de la France, dont vient de paraître un tome inaugural drôlement bien ficelé. Présentée comme une bande dessinée sur l’histoire de l’esclavage, l’oeuvre ratisse beaucoup plus large, manipulant les clichés historiques et littéraires d’une époque aussi riche en contradictions qu’en beaux discours. Éd. Dargaud, 2011, 64 p.