Matthieu Simard : La tendresse attendra
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Matthieu Simard : La tendresse attendra

Le dernier roman de Matthieu Simard, Llouis qui tombe tout seul, fausse bonne idée perecquienne mise au service d’une charge anti-télé, avait déçu, c’est le moins qu’on puisse dire. La démarche transpirait l’opération crédibilité, comme si le populaire écrivain voulait prouver qu’il était capable d’un livre «littéraire». C’est avec soulagement qu’on voit l’auteur de Ça sent la coupe réinvestir ici son territoire comico-réaliste de prédilection, celui des relations qui foirent et de la quotidienneté bouleversée. Ravagé par le départ de sa blonde, un romancier coupe court à sa léthargie, dit adiós au monde des lettres (surtout aux satanés salons du livre) et va se faire engager chez un plombier. Sa motivation: prouver à madame – elle n’a jamais aimé son métier – qu’il est bon à autre chose que noircir du papier. Mais plombier, vraiment? Un des amis du nouveau célibataire s’en étonnera, comme le lecteur qui aime cette façon qu’a Simard d’arracher ses personnages à leurs vies ordinaires en les poussant sur des avenues absurdes. Le plaisir tient beaucoup à cette prémisse farfelue, mais également à l’écriture vive, modeste, toujours drôle (une vertu à ne pas sous-estimer), ainsi qu’à une poignée de bonnes vannes sur le milieu du livre (cocasse clin d’oeil à Stéphane Dompierre, son rival objectif sur les tablettes des libraires). Des qualités rares qui excusent amplement les quelques mièvreries, un goût typiquement publicitaire pour la formule-choc et une chute en forme de long épilogue. Le vrai Matthieu Simard is back. Éd. Stanké, 2011, 208 p.

La tendresse attendra
La tendresse attendra
Matthieu Simard
Stanké