Marina Lewycka : Mélange des genres
Alors que bien des gens entrent dans la soixantaine en songeant à la retraite, Marina Lewycka est devenue écrivaine. Entretien avec l’une des invitées d’honneur du Salon du livre.
Le titre, Des adhésifs dans le monde moderne, ne donne qu’un mince aperçu de la plume inventive de Marina Lewycka, écrivaine d’origine ukrainienne qui a émigré en Angleterre avec ses parents à l’âge d’un an. Son troisième roman a tout pour plaire aux amateurs de mystère, d’humour, d’histoire… et de chats: "J’ai eu des chats toute ma vie, mais je voyage tellement depuis 2005 que je ne peux plus en avoir. Alors je les mets dans mes livres", s’exclame-t-elle, impatiente de pratiquer son français avec ses lecteurs québécois.
Des adhésifs… s’intéresse entre autres à l’histoire de Naomi Shapiro, une émigrée juive de 81 ans. Lors de son hospitalisation, Georgie, sa voisine récemment séparée, accepte de nourrir ses sept chats et de surveiller sa maison malodorante, que s’arrachent plusieurs agents immobiliers. Sans Georgie pour défendre ses intérêts, Mme Shapiro aurait été évincée de chez elle sans cérémonie. "Notre manière de traiter les gens âgés est importante, mais je les trouve aussi captivants. On vit dans une culture dominée par la jeunesse, alors que les jeunes sont ennuyants quand on y pense. Les gens âgés ont du vécu, ça les rend plus complexes." Marina Lewycka aime mélanger les genres littéraires. "J’essaie toujours d’écrire un roman différent du précédent, pour que l’écriture ne devienne pas un exercice mécanique. J’essaie aussi d’aborder des sujets pertinents pour notre société", explique celle qui a presque terminé son quatrième roman, un drame familial sur le choc des générations, agrémenté d’un complot: "L’histoire ne se termine pas mal, mais pas bien non plus."
Des adhésifs dans le monde moderne
de Marina Lewycka
Éd. Alto, 2011, 583 p.
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Le défi de l’alphabétisation
Interrogée sur le défi que représente l’alphabétisation dans une société moderne, Marina Lewycka souligne que notre rôle est d’encourager l’éducation dans les pays en développement: "Ma fille a travaillé en Afrique pendant 8 ou 9 ans. Les jeunes du village où elle travaillait arrêtent d’aller à l’école vers 10-11 ans. Ils savent à peine lire et n’ont rien devant eux. Leur société n’ira pas de l’avant tant qu’ils n’apprendront pas à lire."