Samuel Cantin : Phobies des moments seuls
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Samuel Cantin : Phobies des moments seuls

Dans les carnets illustrés et humoristiques de Phobies des moments seuls, Samuel Cantin laisse le docteur Marcus Pigeon raconter son spatial quotidien.

Samuel Cantin

est une toute nouvelle recrue de Pow Pow, jeune maison d’édition qui se consacre à la bande dessinée québécoise. Toutefois, l’ancien Sherbrookois n’est pas (encore) un vrai de vrai bédéiste, et sa première publication, Phobies des moments seuls, n’est pas une vraie de vraie BD. Heureusement qu’avec la science-fiction, tout est possible.

Son parcours de dessinateur, Samuel l’a tracé à coups de croquis dans ses cahiers d’étudiant universitaire en littérature et en cinéma. "J’ai toujours beaucoup dessiné, confirme-t-il. Et je suis un gros fan de BD." Sa ligne claire lui viendrait d’Hergé, et son sens de la "répartie illustrée", de Gary Larson.

Autre passion: les journaux intimes de grands disparus. "Ceux d’Anaïs Nin par exemple, ou des mémoires écrits au 18e siècle, comme ceux de Casanova." Il ne faut donc pas se surprendre qu’à la suite d’un mélange de genres, le projet Phobies des moments seuls ait pris la forme d’un journal de bord ponctué de dessins (diffusé initialement sur le blogue www.momentsseuls.blogspot.com). "Le docteur Marcus Pigeon y raconte le quotidien de son équipage dans l’espace. Le mot quotidien est important. La plupart des choses qui se passent sont anodines. Les dynamiques de pouvoir ou d’amitié auraient très bien pu se passer dans une cuisine autour d’un café. C’est humain, absurde et drôle, mais dans un contexte spatial."

Phobies des moments seuls est donc un roman illustré qui pastiche le style du journal intime, et dont le fil conducteur s’est précisé en cours de route. "Marcus a des aspirations littéraires et il aime penser que son témoignage est super important pour l’époque. Au départ, j’écrivais donc dans un style un peu pompeux, mais le personnage s’est développé pour devenir plus naïf. J’ai installé une relation un peu bizarre entre lui et sa blonde, Mathilde. C’est devenu la ligne directrice."

"Au tiers du projet, j’ai commencé à me donner des défis, ajoute-t-il. Je voulais qu’ils sortent sur une planète, qu’il y ait un voyage dans le temps… L’histoire est composée de petites histoires."

HUMOUR-FICTION

À bord de la navette, Pigeon vit aux côtés de son meilleur ami, le panda Timothé, et de différents collègues, comme le biologiste Smith. "Dans les 40 premières pages, je les amène un à un. Je les ai inventés pour le blogue, mais par exemple, le suit d’astronaute – rétro comme celui d’Hergé -, je le fais comme ça depuis longtemps. Aussi, j’ai toujours aimé dessiner des personnages qui craquent parce que ça fait trop longtemps qu’ils sont dans l’espace. D’où le titre du livre!"

Le personnage préféré de Samuel Cantin? Le commandant. "C’est lui qui me fait le plus rire. Quand il est sorti, j’ai fait des jokes avec lui pendant deux mois. Le fait qu’il ait une homosexualité latente non affirmée et qu’il soit ouvertement homophobe, c’est du matériel comique sans fin. Tous mes personnages sont remplis de désillusions. Il y a un fossé entre ce qu’ils veulent projeter et ce qu’ils sont en réalité."

Si l’humour de Phobies des moments seuls peut paraître parfois juvénile, l’auteur rappelle qu’il y a aussi des blagues sur Dostoïevski! "Je ne me suis pas demandé si c’était éthiquement ou intellectuellement comique. Moi, ça me fait juste straight out rire du ventre."

Et puisque sa thérapie par le rire ne fait que commencer, la suite des confidences de Marcus Pigeon ne se fera pas trop attendre. "Je vais continuer le blogue, et peut-être faire un autre recueil, mais je travaille sur une bande dessinée plus traditionnelle, avec des cases et des bulles." Pour en arriver à la BD, rien ne vaut un détour par l’espace.

Phobies des moments seuls
de Samuel Cantin
Éd. Pow Pow, 2011, 160 p.

Lancement sherbrookois des Éditions Pow Pow
Le 22 novembre à 17h
Au Tapageur

Phobies des moments seuls
Phobies des moments seuls
Samuel Cantin
Pow Pow