Fernand Durepos : L'arrière-boutique de la beauté
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Fernand Durepos : L’arrière-boutique de la beauté

La mort de la mère est de ces moments qui révèlent à soi-même, qui écaillent les masques. C’est ce que nous crie Fernand Durepos, poète rock, chat de ruelle et chantre de l’amour dont on ne dessaoule jamais, depuis L’arrière-boutique de la beauté, recueil d’une douleur vertigineuse dédié à la "douce mémoire" de sa mère décédée en 2009. "Promis // ni alcool / ni coke // être à la hauteur que tu m’imagines / même partie // me battre", jure-t-il d’abord solennellement dans une langue tendue par une urgence de dire, mais paradoxalement ascétique, lavée de tout artifice et effet de manche, comme si le voyou se devait d’enfin retirer sa veste de cuir pour la transformer en suaire dont il recouvrirait la dépouille. Entre les odeurs d’urine de l’hôpital, les considérations tristement terre-à-terre du salon funéraire et l’appartement à vider, les souvenirs d’enfance remontent à la mémoire, donnent une densité au deuil qu’il affronte hagard. "[J]amais / je n’aurais pensé un jour / tituber d’une panique aussi / naturellement dansée", avoue, secoué, celui qui a pourtant traversé des nuits d’enfer et d’ivresse. "On achève bien les rockers, lorsqu’ils ont les bleus au coeur", disait Francoeur. Faux, rétorque d’une certaine manière Durepos, vacillant mais encore debout, se défendant avec le bouclier de la poésie contre les assauts de l’existence, parce qu’il faut "prendre habitude de toi / subitement retranchée de quotidien // dur devoir de ne pas faire la gueule à vivre / cet agresseur qui peine à me reconnaître // par défaut". Éd. de l’Hexagone, 2012, 76 p.

L'arrière-boutique de la beauté
L’arrière-boutique de la beauté
Fernand Durepos
De l’Hexagone