Tournant la page sur sa vie montréalaise, Fernand organise une vente-débarras dans la rue Dante qui attire son voisin Raoul, coupable d’une faute récente qu’il ne pourra jamais se pardonner. Compositeur de musique pour films de série B, le richissime Ernesto Liri s’en va rendre l’âme dans sa Toscane natale où il retrouvera ses petits-enfants, rivés à une émission de téléréalité. Une bibliothécaire en convalescence sur une île des Bahamas fait la rencontre d’un détective à la retraite qui la divertit de son amour impossible pour un jeune écrivain…
Un parfum, un film-culte, des préludes de Chopin, La divine comédie de Dante, les boîtes de conserve d’Andy Warhol: les personnages à première vue étrangers d’Hélène Rioux partagent des liens subtils faisant d’eux les membres d’une sorte de famille élargie. Rappelant la fameuse théorie des six degrés de séparation, ils évoluent en parallèle aux quatre coins de la planète, de l’Espagne à Mexico, en passant par Paris, Montréal et les Antilles. Après le solstice d’hiver et l’équinoxe de printemps, ce troisième volume de Fragments du monde se déploie durant les 24 heures du solstice d’été.
Cette journée, la plus longue et la plus porteuse d’espoir de l’année, mais à laquelle certains ne survivront pas, évoquera pour plusieurs la funeste Noche Triste quand l’armée du conquérant Cortés fut défaite par les Aztèques de Tenochtitlán, «sous le poids de l’or volé», en juin 1520. Car cette œuvre romanesque – l’une des plus exigeantes produites au Québec au cours de la dernière décennie – s’intéresse au complexe travail de la mémoire, qui «en est le plus souvent un d’embellissement». Idéalisation du passé de l’Homme en général tout autant que des destinées individuelles, comme le découvriront certains moribonds arrivés à ce moment de la vie où l’on voit défiler celle-ci en une fraction d’instant.
À travers une galerie de perdants ou de ratés (associés à l’Ange déchu, voire à toutes ces sorcières mises au bûcher au fil des siècles), c’est la condition humaine dans son ensemble que dépeint Hélène Rioux. Condition à laquelle il est tout aussi humain de vouloir échapper.
Nuits blanches et jours de gloire
d’Hélène Rioux
XYZ, 2011, 240 p.
Hélène Rioux sait raconter des histoires. Elle est un peu une sous Katherine Pancol. Mais ses livres, et celui-là en particulier, sont remplis de clichés et de personnages éculés. Des personnages clichés vus mille fois, c’est en cela qu’elle fait un travail sur la mémoire….