Salon du livre de l'Outaouais : Héros de couleur et de chair
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Salon du livre de l’Outaouais : Héros de couleur et de chair

Diplômée en bande dessinée de l’École multidisciplinaire de l’UQO, la bédéiste Iris Boudreau commente trois projets qui l’ont amenée à revêtir, au fil des dernières années, les parures de l’ermite, le plus clair de son temps penchée sur sa planche à dessin.

L’ostie d’chat, tome 2
d’Iris et Zviane
Éd. Delcourt

"Au lieu de se dire qu’il va arriver ça et ça dans l’histoire, on a plutôt bâti deux personnages", explique Iris Boudreau, cocréatrice du blogue-feuilleton dont le second tome paraîtra prochainement. Ainsi sont nés Jean-Sébastien et Jasmin, les deux protagonistes de L’ostie d’chat, BD dans laquelle plusieurs "folleries" surviennent, mais surtout oeuvre qui permet aux deux dessinatrices de s’attarder sur l’essor de personnages dotés d’une psychologie crédible. "On s’est concentrées d’abord et avant tout sur comment ils allaient être, on a élaboré leur background familial. Comme ça, quand on les plaçait dans différentes situations, on savait très bien comment ils allaient réagir. C’est comme jouer à Dieu", s’esclaffe la dessinatrice de 28 ans, avant de poursuivre à propos du tome qui sera en vente sous peu: "Y a des trucs plus intenses, comme le moment où Jasmin se fait frencher par un des membres de son band. Pas que ça me soit arrivé, c’est plus pour montrer la réaction de son père, qui affirme qu’il préférerait que Jasmin ait le cancer plutôt que d’apprendre qu’il est gai. Tu vois que Jasmin est un gars qui ne s’assume pas du tout, et cette situation mettait en relief ce trait de caractère de façon très intéressante. Si ça avait été Jean-Seb qui s’était fait frencher par son batteur, il aurait eu une réaction tout à fait différente."

Justine
d’Iris
Éd. La Pastèque
Dans les pages de Justine, Iris dépeint un personnage féminin timide et un peu seul, qui n’a pas trop d’amis, qui vit une étrange relation de type esclave-marâtre avec sa coloc paraplégique Manon. "Cet album, c’est moi à 100 miles à l’heure", soutient Iris avec passion à propos de son album campé dans le quartier de Pointe-Gatineau. "Je pense que dans la BD, ce qui m’intéresse, ce sont les personnages beaucoup plus que l’histoire. Et dans le cas de Justine, il ne se passe pas grand-chose avant la fin, mais tu vois Justine et son malaise. Elle ne sait pas trop ce qu’elle fait là à vivre avec sa coloc, "passe-moi le ketchup, fais-moi à manger", dans cette ville bizarre. Avec Justine, je voulais montrer que Gatineau n’est pas juste une ville-dortoir, qu’il s’y cache des choses pas mal trash. Je suis sûre qu’il y en a, des piqueries, à Gatineau. Des coins étranges, du monde weird, il y en a chez nous. Oui, il y a de beaux côtés à Gatineau, mais comme à Montréal, ce sont les quartiers un peu plus rough qui m’inspirent."

Pour en finir avec le sexe
de Caroline Allard et Iris
Éd. Septentrion
"L’anecdote est quand même drôle", se rappelle Boudreau quand on mentionne l’album paru en septembre dernier. Elle raconte: "Caroline m’a envoyé un drunk mail dans lequel elle me demandait si j’étais assez folle pour faire un livre sur le sexe avec elle. On ne se connaissait pas du tout. J’ai embarqué tout de suite dans le projet."

"Soit Caro m’envoyait une idée précise, soit elle m’envoyait son texte et me demandait de trouver un gag en rapport avec le texte." Ce fut le cas de Mona et Gilles Touchette, les personnages affublés de jouets sexuels sur la couverture de l’ouvrage. "Ces deux-là sont arrivés alors qu’on évoquait les orgies et le sexe en groupe. Caroline a vraiment tripé sur ces personnages. Quand on avait besoin de figurants, c’étaient les Touchette, le couple qui veut, mais qui n’est pas bon, qui a besoin de conseils."

Tête-à-tête avec Iris et Caroline Allard
Le 3 mars à 16h30
À la salle Jacques-Pelletier
Au Salon du livre de l’Outaouais

Illustration en direct
Le 3 mars à 15h
Au Bar à mots
Au Salon du livre de l’Outaouais