Michèle Plomer : La grande traversée
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Michèle Plomer : La grande traversée

L’épopée Dragonville se poursuit avec Encre, deuxième tome d’une trilogie sino-québécoise signée par la Magogoise Michèle  Plomer.

Porcelaine

, premier tome de Dragonville, a permis à Michèle Plomer d’établir un précieux dialogue avec un grand nombre de lecteurs. La bonne fortune lui a souri; le succès fut à la fois public et critique. Tel un biscuit chinois qui détient une belle promesse entre ses parois, sa trilogie intrigue grâce à des personnages tracés finement et à un mystérieux diptyque qui relie la Chine de 1910 au Magog de 2010. Quel est le noeud des destins croisés de Li le beau et Sylvie Matthews?

Dans Encre, porté par l’amour que lui voue un dragon, Li traverse les flots jusqu’au port de Vancouver pour fuir une mort certaine. Un siècle plus tard, Sylvie cumule les découvertes, que ce soit dans sa boutique de la rue Principale ou au Lake House, manoir sur les berges du Memphrémagog où rôde le spectre de son grand-père, le capitaine Matthews. Chacun effectue une difficile traversée, mais ils auront de l’aide. "Certains lecteurs sont complètement amoureux de Jean [le principal allié de Sylvie]. D’autres sont obnubilés par les conseils de Petit Bouddha, ou par le lien possible entre le dragon chinois et Memphré. Et j’en connais certaines qui feraient leurs valises pour aller trouver leur beau Li à Hong Kong. Même si j’ai mes préférences, je suis un peu prise: je dois aller au bout de chacune de mes histoires." L’auteure, qui partage sa vie entre le Québec et la Chine, s’est tout de même gardé de l’espace pour l’écriture du prochain tome. "Pour que des choses inattendues puissent survenir." Mais elle nous assure que ce sera le dernier. "Avec tous les personnages à développer, et les lieux, tellement riches, tellement inspirants, mon éditrice m’a demandé si je voulais faire quatre romans, voire cinq… Non. On arrête à trois."

Le voyage en mer de Li, principale trame d’Encre, relève de cette liberté d’écriture chère à l’auteure. "Je n’avais pas prévu laisser Li sur le bateau tout ce temps, mais j’avais de la difficulté à le faire débarquer rapidement. Par instinct, je m’y attardais. Je crois que je voulais montrer qu’à cette époque, changer de pays, c’était une histoire en soi. Vingt jours sur un bateau, c’est une aventure, un univers."

"Puisque ça se déroule en 1910, je ne voulais vraiment pas que ça ressemble au film Titanic, poursuit-elle. J’ai fait beaucoup de recherches sur la chambre des machines, sur le recrutement des travailleurs… Je m’intéressais davantage à la cale qu’à la salle à manger."

D’autres recherches ont porté sur Magog. "Quand je marche avec mon chien sur le bord du lac, les gens m’arrêtent et me demandent de les aider à trouver où sont les lieux du roman. C’est drôle, certains semblent penser que j’habite au Lake House!" Magog est encore plus présent dans le deuxième tome. "J’ai perdu une pudeur que j’avais au début. Il y a des éléments très magogois, comme le chemin de fer, mais ça fait partie du décor de toutes les petites villes industrielles au Québec."

Dragonville est donc bien ancré dans le réel. Sans être fantastique, rappelons que l’histoire met en scène une créature mythique. Le dragon était très présent dans Porcelaine; il l’est un peu moins dans Encre. "Il fallait séparer Li de son amante. En fait, le dragon prend d’autres formes…" Et il se manifeste de plus en plus en 2010. "Les lecteurs vont comprendre que la protection du dragon s’applique à Sylvie. Mais je le fais tout doucement. Il y a une agréable lenteur."

Il faut donc de l’espace ainsi que du temps. "Ce sont les deux plus beaux cadeaux." Sûrement des souvenirs de voyage.

Encre, Dragonville – tome 2
Michèle Plomer
Éd. Marchand de feuilles, 2012, 360 p.

Rencontre avec les lecteurs
Le 24 mars de 14h à 16h
À la Biblairie GGC de Sherbrooke

En librairie dès le 23 mars

Dragonville, tome 2 - Encre
Dragonville, tome 2 – Encre
Michèle Plomer
Marchand de feuilles