Laurent Chabin – Les Printemps meurtriers : Le meurtre parfait
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Laurent Chabin – Les Printemps meurtriers : Le meurtre parfait

Quels sont les ingrédients essentiels à un bon polar? Voir a obtenu, en exclusivité, la réponse que Laurent Chabin offrira aux Printemps meurtriers de Knowlton.

"À l’opposé de ceux qui pensent que le polar doit obéir à des règles, je dirais que le bon polar est celui qui arrive à s’affranchir des règles, fait valoir le prolifique écrivain Laurent Chabin. Pour moi, les plus grands polars sont des livres qui ne sont plus considérés comme des polars et qui sont passés dans le domaine de la littérature. Ça va de La cité de verre de Paul Auster à Sanctuaire de Faulkner, en passant par Prochain épisode d’Hubert Aquin. On peut même nommer Crime et châtiment de Dostoïevski."

Invité de la première édition du festival Les Printemps meurtriers de Knowlton (voir encadré), Chabin revendique avec superbe dans Le corps des femmes est un champ de bataille, sordide histoire d’assassinats campée dans le milieu littéraire, son appartenance à une école du polar valorisant un travail sur le style et s’appliquant à dépeindre, en teintes de gris foncé, un certain contexte social. "Je suis moins intéressé par la grande tradition du roman policier d’Agatha Christie et compagnie que par celle du roman noir américain représentée par Raymond Chandler", confirme celui qui lance aussi ces jours-ci Les voix meurtrières, deux romans déjà parus réunis sous une même couverture. "Je participais récemment à une table ronde qui demandait: "L’auteur de polars est-il le Balzac de son époque?" C’était volontairement exagéré comme formulation, mais néanmoins intéressant, parce que je crois que l’auteur de polars doit être le reflet de son époque. Écrire des romans simplement pour divertir dans le métro, ça ne me tente pas."

Avec 80 titres au compteur, dont plusieurs destinés aux jeunes publics, Chabin a des allures de sauveur dans les écoles qu’il visite souvent, là où professeurs et directeurs désespèrent de leurs élèves allergiques à la lecture. Le roman policier, instrument pédagogique par excellence? "Il y a beaucoup de jeunes qui n’aiment pas lire parce qu’ils n’ont été mis en contact qu’avec des livres qui les ennuyaient. Moi, quand j’étais jeune, on m’a obligé à lire Flaubert. C’était mortel, il n’y a pas d’autre mot. Mais j’ai relu tout Flaubert à 45 ans et c’était fabuleux. Cependant, on n’apprend pas à lire à 30 ans. Si on donne à lire des polars à des jeunes de 14 ans, peut-être qu’à 30 ans, ils vont se tourner vers Flaubert, VLB ou Cormac McCarthy."

Le corps des femmes est un champ de bataille
de Laurent Chabin
Éd. Coups de tête, 2012, 222 p.

Les voix meurtrières
Éd. Hurtubise, 2012, 256 p.

Table ronde "À la découverte du Québec meurtrier"
Le 20 mai à 14h
Au Théâtre Lac-Brome

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LES PRINTEMPS MEURTRIERS

La première édition des Printemps meurtriers de Knowlton s’annonce faste en discussions passionnantes pour qui mange du roman policier matin-midi-soir. Parmi les prestigieux invités, le Britannique R. J. Ellory causera avec ses lecteurs le 19 mai à 13h au Théâtre Lac-Brome, avant d’être rejoint sur scène à 15h30 par Chrystine Brouillet et Martin Winckler, tous deux invités d’honneur du festival. Francis Julien, André Jacques et Jacques Côté offriront quant à eux des classes de maître. Le week-end culminera par la remise du prix Tenebris 2012 au meilleur roman de littérature policière en langue française. Du 18 au 20 mai. Tous les détails au www.lesprintempsmeurtriers.com.