Passé maître dans l’art d’éluder toute tentative de définition, Leonard Cohen aura soigneusement jalonné son œuvre-vie de portes dérobées lui permettant de s’esquiver du moment qu’il se sentait cerné. Pour Leonard Cohen, plus récent numéro de la revue Mœbius piloté par Kateri Lemmens et Charles Quimper, prend ainsi des allures de kaléidoscope où les visions et fantasmes des uns contredisent parfois ceux des autres. Devant Francine Allard, le Montréalais se fera dragueur impénitent, ennemi féroce de l’esprit de sérieux. Thomas Hellman dépeindra, dans une touchante nouvelle, le chanteur en double domestiqué d’un poète fou. Chez Philippe Girard, un homme diminué marchera péniblement, avec vingt dollars et quelques miettes de désir en poche, vers le chapelier. À la fois miroir et mirage, Cohen still is our man.