Vera Brosgol : Le fantôme d’Anya
Jeune fille vivant au sein d’une famille d’immigrants russes, Anya se faufile dans une existence banale au gré des anecdotes de collège, sans véritable ami et avec le sentiment de n’avoir vraiment rien pour elle. Entre les cigarettes échangées et fumées en cachette et les cours d’éducation physique qu’elle fait tout pour manquer, elle doit se rendre à l’évidence: sa vie est moche et sans relief. C’est au hasard d’une fuite dans un boisé de son quartier que tout bascule. Son quotidien ordinaire devient subitement extraordinaire alors qu’elle tombe dans un trou pour y découvrir un fantôme… son fantôme, qui l’accompagnera désormais, pour le meilleur et pour le pire. Une très belle histoire, poétique et sans prétention, d’une rafraîchissante simplicité. Ce premier album signé Vera Brosgol, elle-même immigrante russe née à Moscou, se situe quelque part entre la légende contemporaine et le conte urbain. Certes, le récit a quelque chose d’incroyable et surréaliste, mais il ne s’agit pas d’une simple histoire de fantôme. C’est d’abord, surtout, l’histoire d’une jeune fille. On sent, au fil des planches, une profonde américanité tant dans le trait que dans le scénario qui n’a aucune difficulté à rendre crédible la présence d’un personnage désincarné qui prend tout bonnement place, comme si cela allait de soi, dans le fil des événements. Par chance pour nous, la traduction nous est offerte par la Québécoise Fanny Britt, ce qui nous sauve – Dieu merci! – de l’accent parisien qui gâche trop souvent ces histoires américaines. Du très beau travail. Éd. La courte échelle, 2012, 221 p.