Oeuvres de chair / Québec en toutes lettres : Incarnations
Rarement les auteurs sont-ils forcés de se vendre de la sorte, et sous pression, ou alors de transposer dans le réel les univers dont ils sont les créateurs. Dans Oeuvres de chair, les écrits racolent, se vendent et prennent vie.
C’est l’activité la plus insolite de Québec en toutes lettres. La plus attendue aussi. Une soirée en trois temps, placée sous le signe du jeu et de la séduction, dans un territoire où fiction et réalité se mêlent.
La soirée débute par une séance de speed dating dans une salle de l’Hôtel Pur au cours de laquelle une douzaine d’écrivains disposent de cinq minutes pour convaincre la personne devant eux de lire leur plus récent ouvrage, ou alors celui d’un autre dont ils feront une brève et inspirante hagiographie. Le but est simple et avoué: vendre et se vendre. Plaire avec des mots, dans la contrainte, sous pression.
Quelques coups de foudre plus tard, on passe aux choses sérieuses, et on monte aux chambres. Par petits groupes, on nous mène dans une des 10 chambres transformées en micro-théâtres, ou alors en lieux de discussion, d’échange. Mais vous ne connaîtrez pas l’identité de l’auteur avant d’avoir franchi la porte.
Catherine Dorion ne peut révéler à laquelle des deux portions de cette soirée elle prendra part. Mais le jeu de proximité, elle connaît, puisqu’elle a participé au tableau des secrets de la première version d’Où tu vas quand tu dors en marchant. "Mais là, dit-elle, c’est dans une chambre d’hôtel, c’est fermé, c’est encore plus intime."
Disposant d’une carte blanche, les auteurs font ce qu’ils veulent de leur chambre, la décorent, y font jouer de la musique. Ou alors ils l’investissent comme lieu de création.
Le plus intéressant, c’est que les rôles s’inversent alors, et que privés de la distance et du quatrième mur, les spectateurs vivent souvent le trac à la place des artistes. "Le théâtre conventionnel a quelque chose de voyeur, alors que dans ce genre de rencontre, comme artiste, on se sent plus à nu, et le public est plus facilement atteignable, parce que dans un environnement plus propice à ce que l’art se rende où il doit aller."
"Il n’y a pas de falsification possible, poursuit-elle, tu ne peux pas être trop en représentation, faut jouer avec ce que tu es, sinon, ça se voit. Au début, le public est gêné, tu les vois, ils sont un peu figés, et puis ils se détendent. Mais c’est l’fun d’être gêné. C’est là que l’aventure commence!"
Et après, on se donne rendez-vous au bar pour échanger entre public et auteurs. Histoire de faire tomber le dernier mur, à l’aide de dispositifs alcoolisés, cette fois.
Avec José Acquelin, Francine Alepin, Yves Beauchemin, Emmanuel Bouchard, Mathieu Campagna, Jacques Côté, Jean-Paul Daoust, Jean Désy, Catherine Dorion, Raôul Duguay, Éric Dupont, Naomi Fontaine, Karoline Georges, Mylène Gilbert-Dumas, Anne Guilbault, Martine Latulippe, Hugo Maltais, Josée Marcotte, Anne-Marie Olivier, Louis-Karl Picard-Sioui, Marie Hélène Poitras, Isabelle Richard et Zviane
Le 20 octobre, à 19h
À l’Hôtel Pur
À l’occasion de Québec en toutes lettres