Patrick Nicol / Terre des cons : S.O.S. d’un terrien en détresse
Patrick Nicol met en orbite son huitième livre, Terre des cons. Ce n’est malheureusement pas de la science-fiction.
Patrick Nicol et moi avons à peine trempé les lèvres dans nos pintes qu’un jeune homme de sa connaissance vient le saluer. « Quoi de neuf Patrick? » « J’ai fait un livre! » « Ah ouin? Comment ça s’appelle? » Patrick, mesurant bien son effet, se retourne vers moi. « Comment ça s’appelle déjà? », qu’il me demande, sourire en coin. Il finit par lâcher le morceau. « Ça s’appelle Terre des cons. » Mouvement de recul du jeune homme, puis éclats de rire. « On est tous des cons. C’est ça qu’il veut dire, le titre », précisera plus tard l’écrivain.
Vous lirez sans doute au sujet de Terre des cons qu’il s’agit du premier roman inspiré du printemps érable, ce qui n’est pas faux. Il ne faudrait cependant pas y chercher la chronique à la petite semaine des manifs nocturnes; c’est de culture que parle, d’abord et avant tout, le huitième livre du Sherbrookois. Ou, plus précisément, du fossé séparant celle, savante et durement acquise, d’un homme emmuré dans ses codes de celle, abêtissante, criarde et téléromanesque, à laquelle s’abreuve une bonne partie de la province. Terre des cons, ou comment la crise étudiante contraint un intello à admettre l’existence de Richard Martineau, si vous préférez. « C’est l’histoire d’un snob qui se rend compte qu’il y a une culture populaire et qu’elle est dégueulasse, explique Nicol. Il se rend compte de toutes les émissions qui ne s’adressent pas à lui, de la montée de la droite qu’il n’a pas vue pantoute pendant qu’il était en train de regarder des films suédois. »
Long soliloque à la fois empourpré et aviné d’un prof de cégep revenu de tout qui s’infiltrera, la nuit, chez ses voisins (c’est la portion délicieusement sibylline du roman, très nicolesque dans son obsession pour la maison), Terre des cons n’épargne personne, sans nier une certaine affection pour les étudiants. « Même si j’ai fait un effort pour mettre des grévistes cons, il reste qu’il y a des cons plus dangereux que d’autres. La joke de Jean Charest, l’acharnement de Martineau, ou la ministre St-Pierre qui dit que Fred Pellerin est du bord de la violence et de l’intimidation, c’est grave. Faut être bonne pour jouer un texte mauvais comme ça. »
Terre des cons
de Patrick Nicol
La Mèche, 2012, 104 p.
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