Festival du Jamais Lu : Virginités
Pour une seconde année, le Festival du Jamais Lu présente à Québec des oeuvres en morceaux, ou entières, ainsi qu’un cabaret et une table ronde où le théâtre devient non plus un spectacle, mais un sujet de discussion.
Le principe est simple: des auteurs de théâtre, des textes qu’ils n’ont jamais présentés, un public et de l’alcool pour lubrifier les esprits. « C’est la première règle: il faut de la bière », dit le plus sérieusement du monde la comédienne, dramaturge et codirectrice artistique du Festival du Jamais Lu, Anne-Marie Olivier. « C’est important, parce que le but, c’est aussi de décoincer la mise en lecture qui, en d’autres circonstances, peut être pénible. Là, c’est plus décontracté. »
Festival des premières fois, celui du Jamais Lu est une expérience jouissive qui sort le théâtre du sacré, jette dehors le divin du deus ex machina pour convoquer l’impur de l’humanité créatrice. C’est un regard à l’intérieur de la machine à fabriquer des histoires: la tête des auteurs.
Si l’on se fie à l’an dernier, l’AgitéE sera bondé de monde qui écoute avec attention et réagit fortement. Il émane de cet événement qui en est à sa deuxième édition à Québec (et à sa onzième à Montréal) un esprit de communauté où le public et les gens du milieu théâtral se retrouvent nez à nez, souvent à la même table. Quelque chose comme une communion.
Ça débute avec une table ronde, animée par l’autre codirectrice, Marcelle Dubois, le 22 à 17h, où il sera question de politique et d’écriture. Puis suivra, en soirée, L’Accélérateur de particules, au cours duquel des extraits de textes qui n’ont jamais été lus ni joués seront livrés au public. « Ce sont des tranches de vingt minutes, donc ça promet beaucoup d’univers différents et de la variété, mais aussi, c’est une chose assez rare d’entendre les auteurs mettre leurs propres textes en lecture. Ça, c’est vraiment spécial », souligne l’auteure d’Annette, Gros et détail et du Psychomaton. S’y succéderont Amélie Bergeron, Thomas Gionet, Maxime Robin et Hélène Robitaille.
« Le deuxième soir, je m’autoplogue », rigole Anne-Marie Olivier qui monte Scalpée, une tragédie qu’elle promet très loin de ses pièces précédentes. « C’est trash, ça fait mal », laisse-t-elle simplement tomber. Dans un registre qui a peut-être plus de chances de générer le rire, sans toutefois que ce soit drôle, L’gros show, de Lucien Ratio, ausculte le phénomène des radios-poubelles.
Et enfin, le samedi, au théâtre Périscope qui se joint cette année à l’événement, on propose un cabaret de la parole libre, vivante, où une poignée d’auteurs viendront répondre à la question: c’est quoi notre problème? « Ça risque d’aller dans tous les sens, de l’humoristique à l’indignation très sérieuse », décrit la codirectrice. Mais dans l’ensemble, la réussite de cet événement tient à l’avance au travail de création dans le partage, tandis que débarquent des gens du milieu venant de Montréal et Québec pour moissonner des talents et voir vers où souffle le vent. « Deux pièces qu’on a présentées l’an dernier vont être montées. Pour moi, c’est le signe d’une réussite. » De même que le sont les échecs, puisque ce laboratoire devant public les permet. Suffit d’avoir le courage d’essayer. Ou non pas de l’essayer, comme disait le vieux Bukowski, mais de le faire. Le faire, en embrassant le risque sur la bouche. Avec la langue, tiens.
Les 22 et 23 novembre, à l’AgitéE
Le 24 novembre, au Périscope
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Programmation complète sur www.jamaislu.com