Françoise Hardy : L’amour fou

Sur l’album L’amour fou, Françoise Hardy chante de sa voix douce comme une caresse furtive les amours impossibles sur d’intemporelles mélodies mélancoliques. À la lecture de cette fiction-confession, où elle fait fi des descriptions pour mieux livrer avec une remarquable acuité les réflexions obsessives d’une amoureuse malheureuse, ce sont cette même voix enveloppante et cette atmosphère morose qui nous transportent. Et puis, au dernier tiers, la femme mal aimée prend en charge la narration afin de s’adresser à l’insaisissable objet de sa passion, aussi cruel et misogyne qu’un héros de Montherlant. Tourmentée comme la princesse de Clèves, pétrie de jalousie comme Charles Swann, condamnée par l’être aimé à pétrarquiser, la nouvelle narratrice s’exprime avec la même impudeur élégante que la narratrice originale, comme si elles formaient une seule entité enfin libre de s’exprimer.

L’amour fou
de Françoise Hardy
Éd. Albin Michel, 2012, 192 p.