Salomé Girard : Mélancolie bien-aimée
La chanteuse, peintre et auteure Salomé Girard forge sa mélancolie depuis près de cinq ans et livre Jusqu’à plus soif, son premier roman.
Native d’Arvida mais résidente de Québec depuis plus d’une décennie, Salomé Girard – le pseudo de Julie Girard – a emprunté divers chemins pour se rendre à son premier roman, Jusqu’à plus soif. Plongée dans un passé venant fracasser le mur du temps et du présent, cette première parution de l’artiste évoque à la fois la mélancolie et la recherche d’un ailleurs fantasmé. «La mélancolie, on dit que c’est le bonheur d’être triste», philosophe Salomé à l’autre bout du fil. «Je trouve qu’il y a quelque chose de beau dans cette façon d’être. C’est un peu la quête de ma narratrice: arrêter d’idéaliser un ailleurs meilleur. Et c’est un peu ma quête aussi, au fond», admet celle qui se produit aussi sur scène, alliant jazz et chanson française à des rythmes bossa-nova ou pop. «Le but, c’est de vivre au présent et d’arrêter d’idéaliser le passé, qui est où il est.»
Pour y parvenir, un exutoire à trois têtes s’est construit, révélant Salomé Girard tantôt en musique, tantôt accrochée à des pinceaux, et désormais aux côtés des mots couchés sur les pages de Jusqu’à plus soif. «L’écriture, c’est beaucoup de travail en solitaire. C’est un travail de relecture, de réécriture, de peaufinage, etc. C’est un peu remâché», remarque Girard qui confirmera aussi que la musique «est un travail d’équipe, [qu’]il peut y avoir un désastre à chaque instant», et que la peinture, «c’est un élan spontané».
Avec le personnage d’Alice, ancienne étudiante aux beaux-arts, engagée dans une relation à long terme avec son conjoint et son chat, Salomé Girard fait voguer la trame de Jusqu’à plus soif entre les souvenirs scolaires et amicaux, et ses relations présentes, entre ses émois de jeunesse et sa vie de quasi-quarantenaire. Fière de cette première mouture écrite, Girard se félicite de ce travail de longue haleine: «Le processus a pris cinq ans, mais le premier jet a été très rapide. Une espèce de fulgurance d’inspiration qui est venue de je ne sais où», se rappelle avec passion Salomé. Puis, la parution de l’album Romaria lui fit délaisser l’écriture, en 2009. «Quand j’ai repris [le roman], je le voyais d’un autre œil et j’étais entièrement d’accord avec les critiques qu’on m’avait faites. Même que j’étais plus sévère. Ensuite, j’ai pu réellement le travailler.» Après avoir essuyé quelques refus et poursuivi sa carrière de chanteuse et de peintre, Girard est finalement tombée sur «l’éditeur de la dernière chance». Une grande satisfaction pour l’auteure qui souhaitait éviter la publication à compte d’auteur. «J’ai fait mon album moi-même. Je l’ai produit parce que je voulais l’album que j’avais en tête, mais pour le roman, j’avais besoin d’un regard, d’une validation extérieure, d’un éditeur qui approuvait», reconnaît la sage dame dont la vie change du tout au tout chaque trimestre, allergique à la tragédie et au mélodrame, «qui a passé l’âge d’être écorchée vive» et qui favorise sa propre expérience, «dans la joie».
Jusqu’à plus soif
de Salomé Girard
Éditions JCL, 2013, 224 pages
Lancement du livre et concert, le 4 avril au Studio P
Au Salon du livre du 10 au 14 avril
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