Maxime Catellier : Perdue
Livres

Maxime Catellier : Perdue

Julie Ledoux et Dominic Tardif profitent de l’été pour affronter la pile de livres qui grossit sans cesse sur leur table du chevet. Retrouvez-les tous les mercredis (Tardif) et vendredis (Ledoux) de juillet au voir.ca. 

Moi-même, je me suis perdue. Maxime Catellier m’a forcée à tout prendre pour du cash, avec Perdue. C’est un début d’hiver qui vire mal. Ce sont des Cartes postales envoyées comme des bouées ou des alertes à la bombe, à des amis trop loin. Quelques Lieux dits, entre souvenirs et promesses d’été. C’est un poème, ode au peu d’éternité qu’il nous reste. C’est une jeunesse perdue, conséquence d’un mal qui paraît irréversible, mais qui s’offre dans une mélancolie distincte.

Je rêve d’un exil
sous les ponts d’une ville
étrangère, du poignard
qui percerait le mystère
de ma vie.

Troisième recueil de poésie de Maxime Catellier, Perdue est – à ce qu’on dit – son plus romantique, voire désespéré. S’il peut paraître romantique, il n’en semble pas tant désespéré, du moins, pour un premier contact avec l’univers de l’auteur. Non, la triste histoire de cet amour déchu ne file pas vers le désespoir, aussi opaque qu’il puisse l’être.

Quand je regarde
au loin
je ne vois plus rien
ni mon ombre
ni la tienne
et je perds
l’équilibre

L’amour déchu de Catellier est le printemps fragile, les giboulées de mars à venir, plutôt que la noirceur de l’hiver. [Ou est-ce la chaleur extérieure qui mine ma réflexion? M’enfin.] En quatre parties distinctes, sa plume s’échappe, laisse libre cours aux stades de sa rémission, de son impuissance face à l’échec amoureux, la perte de l’autre.

Je n’ai pas l’intention
de disparaître
derrière l’îlot dressé
au coeur de nos journées
et dont nous passons notre temps
à faire le tour
sans jamais penser
le franchir

Si Il n’y a plus d’éternité physique dresse le portrait du rêve flou, Perdue – I et II – plonge directement dans la tourmente, mais toujours, avec une petite lueur follement coincée dans la neige; des cendres d’où renaîtra la flamme, le printemps arrivé.

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Et au printemps, s’éveillent les passions. Jeanne au coeur de mai, long poème de Catellier écrit entre le 22 mai et le 22 juin 2012, puis distribué lors d’une manifestation le 22 août 2012, s’ajoute à Perdue. Y trouve-t-il sa place? Oui et non. Ici, la jeunesse n’est pas perdue, au contraire. Elle se fait fougueuse et émerveillée. Elle ne voit qu’un frein étatique et policier la ralentir. Et encore. Ainsi, on se retrouve en présence de deux entités bien distinctes et plus ou moins complémentaires. En prenant Jeanne au coeur de mai et Perdue à part, on aurait gagné à renforcer l’impact de l’un comme de l’autre.

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Mercredi prochain, Dominic Tardif plonge dans Mon dinosaure de François Turcot, publié chez La Peuplade.

Perdue
Perdue
Maxime Catellier
L’oie de cravan