Sociofinancement en littérature / Inouï : La vitrine du magasin
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Sociofinancement en littérature / Inouï : La vitrine du magasin

Cet automne, la plateforme Inouï diffusera des histoires vraies, sous forme de textes, vidéos, photos et illustrations. Pour démarrer le projet à saveur littéraire, Marc-André Sabourin et ses co-conspirateurs Simon Coutu et Hervé Juste ont fait appel au public – et à leurs deniers – par l’entremise d’Indiegogo, plaque tournante du sociofinancement.

«L’idée de faire une campagne a toujours été vue comme une possibilité et non pas comme une obligation», affirme Marc-André Sabourin, d’entrée de jeu. Avec un projet et un modèle d’affaire bien ficelé, Sabourin et les deux autres cofondateurs de la plateforme Inouï étaient prêts à rendre des comptes à quiconque leur poserait une colle sur le projet. «Le problème avec notre idée – outre les sous -, c’est qu’on se demandait s’il y avait réellement un public pour ce type de projet. L’idée, c’est de lancer une entreprise qui peut se développer et prospérer, pas seulement un projet artistique», poursuit le journaliste indépendant. «On voulait savoir s’il y a un marché pour ce projet qui n’existe pas pour le moment, dans la francophonie. On n’avait pas les moyens de faire une étude de marché et les données existantes étaient peu fiables, donc on s’est dit qu’une campagne de sociofinancement serait une manière d’amasser des sous, mais aussi de tester l’intérêt des gens pour le type d’histoire qu’on peut raconter.»

 

Ainsi, dans le cas d’Inouï, non seulement le sociofinancement était une ressource monétaire, mais aussi marketing. Si les trois collègues n’ont pas tenté de solliciter du financement privé ou public, c’est que leur produit, tellement niché, devait d’abord trouver son lectorat, sa «clientèle cible», donc.

 

Un travail ardu

 

Si le sociofinancement web peut sembler facile, à distance, il en est tout autre lorsqu’on a le nez collé dans le projet. «Pour nous, ça s’est fait en trois vagues. Nos amis, nos familles et notre entourage ont tout d’abord contribué, puis ce fut une combinaison de visibilité dans les médias sociaux et médias traditionnels, avec des entrevues dans les journaux et radios, de même qu’un travail acharné de Simon Coutu sur les réseaux sociaux. Et là, ça a monté tranquillement jusqu’à 10 000$. Et après ça, une fois notre objectif atteint, on a plafonné», admet Sabourin. «Il restait 15 jours à la campagne, environ, et quelques dons se sont ajoutés. On trouvait ça dommage car il nous restait du temps pour relancer la campagne.» Ce qu’ils ont fait avec succès puisqu’ils ont dépassé l’objectif de près de 3000$ avant la fin de leur campagne: «Dans les cinq derniers jours, on a vraiment relancé tous ceux qui nous avaient dit qu’ils donneraient, sans prendre le temps de le faire.»

 

Si Marc-André Sabourin affirme que l’expérience fut un peu stressante au départ – «Même des gens autour de moi me disaient que 10 000$ était irréaliste et comme de fait, j’en ai vu plusieurs beaux projets qui ne réussissaient pas à amasser leur montant. On se disait aussi que ça passait ou ça cassait. Si ça ne fonctionnait pas, on n’allait pas continuer.» -, le travail ardu de l’équipe a permis de réduire les gouttes de sueur perlant sur les tempes des trois messieurs et de les encourager dans leur démarche, déjà bien entamée et dont le fruit devrait voir le jour cet automne.

 

Soyons réalistes: les conseils et mises en garde de Marc-André Sabourin

 

«C’est sûr que c’est beaucoup de travail. Il ne s’agit pas juste de partir sa campagne et de la laisser aller. Il faut relancer les gens, il faut faire des appels, envoyer des courriels. Il faut s’investir énormément. Indiegogo, c’est un peu comme la vitrine d’un magasin, mais une fois que le client est à l’intérieur, il faut quand même lui vendre ton truc.»

 

«Oui, il y a du travail à faire, mais c’est aussi important de diminuer la friction au moment de faire un don en ligne. Ça semble être un concept un peu compliqué, mais bon, sur Indiegogo, quand les gens voulaient donner, ils cliquaient sur «donner», entraient le montant, allaient sur Paypal (sans nécessairement devoir se créer un compte Paypal), donc ils n’avaient pas besoin de se créer un compte sur la plateforme en plus, tandis qu’il y a plusieurs sites qui requièrent ça.»

 

«La vidéo, c’est vraiment essentiel. Certains ne mettent qu’une image, mais ça fait vraiment la différence quand tu mets une vidéo. Les statistiques le prouvent aussi. Dans le cas d’Indiegogo, je crois que c’était 100% de taux de réussite pour les campagnes qui avaient des vidéos. Autre statistique intéressante d’Indiegogo: même si les gens avaient l’intention de contribuer, il fallait qu’ils aient vu passer la campagne sept fois – en moyenne – avant de le faire réellement. Une vidéo, ça se partage mieux que du texte, même si notre vidéo pour Inouï, au bout du compte, c’est essentiellement du texte!»

 

Suivez les péripéties d’Inouï dès cet automne.

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