François Blais : Document 9
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François Blais : Document 9

Il y a eu Iphigénie, Valérie, Anne-Sophie. Cette fois, François Blais rompt avec les «i» et présente Sam, sa nouvelle muse fictionnelle.

L’histoire est celle d’un homme qui retrouve le journal d’une femme dans une boîte de livres trouvée dans le local d’un organisme de bienfaisance de Trois-Rivières. Un boy meet girl littéraire, un béguin irrationnel et une trame récurrente dans l’œuvre du fier Grand-Mérois.

Quand on lui demande si pareille situation lui est arrivée, parce que souvent répétée dans ses ouvrages, François Blais répond que non. Presque catégoriquement. «C’est vraiment de l’ordre de la fiction, mais j’ai déjà écrit des lettres à des filles sauf qu’elle ne me répondait jamais.» Un fantasme, alors? «Je ne sais pas.»

François, faut l’écrire, hésite beaucoup. Ses réponses, qui tardent, finissent (presque) toujours par sortir en bouche par des oui, des non et des peut-être. Un contraste évident avec les personnages de ses bouquins dont la pensée est toujours amplement détaillée. À l’oral – et même s’il est l’un des auteurs les plus prolifiques de sa génération  l’écrivain limoulois d’adoption est un homme de bien peu de mots. La timidité, sans doute.

C’est quand on lui parle de bourses et de compétition entre auteurs que son regard s’allume. Bien que finaliste au présent Prix des libraires pour son roman choral La classe de madame Valérie, Blais s’avoue peiné de n’avoir jamais rien remporté à titre d’artisan des lettres. Assez pour l’écrire en préface de son neuvième livre à paraître très bientôt. «Je vise le Ringuet.» Ah oui, et pourquoi celui-là en particulier? «Je ne sais pas.»

S’il se fait avare de mots en entrevue, François Blais avoue ne jamais manquer de jus lorsque vient le temps d’ouvrir un fichier Word et d’écrire. «Je n’ai jamais le syndrome de la page blanche. J’écris comme un fonctionnaire, toujours au même rythme. 500 mots par jours, c’est mon ratio, mon plancher. Si je fais ça, je suis satisfait.»

Traducteur de métier, et donc travailleur autonome, l’auteur avoue être complètement absorbé par le livre en chantier dans le moment. «Je pense tout le temps à l’histoire et je n’ai pas besoin de faire des fiches de personnages. Quand vient le temps de m’installer devant mon ordinateur, ça sort tout seul.»

Serait-ce parce qu’il met beaucoup de lui dans ses personnages? «Ce n’est pas si autobiographique, mais en général, c’est des losers cultivés.» Le genre de monde qui lit des romans classiques russes et qui perçoit des prestations d’aide sociale? «Oui, on pourrait dire ça jusqu’à un certain point.» Puis, réalisant l’énormité de l’aveu, il avouera qu’il s’agit plutôt de ses amis. De gens qu’il connaît et côtoie depuis l’adolescence, depuis sa vie d’avant dans le bout de Trois-Rivières. Une région qui l’inspire encore comme trame de fond pour tous ses livres. «Je ne me sens pas assez de Québec, même si j’habite ici depuis 10 ans.» Avec sa sœur, de surcroît, qui est toujours la première à lire ses livres et à les critiquer.

Sam de François Blais / L’Instant Même / Parution le 4 mars 2014