Livres à lire / Été 2014 : Le chemin le moins fréquenté
Été 2014

Livres à lire / Été 2014 : Le chemin le moins fréquenté

La classique liste de livres à lire l’été comprend généralement une panoplie de polars. Tentons de dévier du chemin tout tracé, avec quelques titres avec lesquels flirter cet été.

Écharpe – Aimée Verret (Triptyque, 63 pages)

Inspirée par la danseuse américaine Isadora Duncan, décédée tragiquement alors que son long foulard s’est pris dans la roue de sa voiture, la poète Aimée Verret articule son recueil de poèmes autour de l’imaginaire de la danseuse, de sa vie, de ses amours, de sa solitude et de sa mort. La vie de la danseuse sert de prétexte à aborder celle de sa protagoniste, amoureuse, observatrice, gênée, blessée. Un recueil sensible, mais d’une froideur attrayante.

La collectionneuse – Pascal Girard (La pastèque, 112 pages)

L’auteur et dessinateur qui nous avait livré l’incroyable Conventum récidive, quelques années plus tard, avec La collectionneuse, où, maintenant célibataire, triste et démuni, Girard s’accroche à sa passion pour la course et à une charmante voleuse de livres. Son personnage névrosé et terriblement maladroit fait constamment sourire par ses aventures abracadabrantes.

Pouceux: 60 récits de bord de route (Cardinal, 208 pages)

Invités à partager leurs aventures de «pouceux», des dizaines d’auteurs professionnels et amateurs se sont penchés sur les escapades qui ont forgé leur perception de cette activité que nos parents nous disent «dangereuse». Compilés par Philippe Marois et Hélène Mercier, ces récits sont écrits par Micheline Lanctôt, Patrick Lagacé, François Pérusse et autres Pierre Brassard et Annie-Soleil Proteau. Amusant, léger, honnête, ce recueil se glisse parfaitement dans une valise, le temps d’un road trip sur la côte Est ou Ouest, cet été.

Première nuit: Une anthologie du désir – Sous la direction de Léonora Miano (Mémoire d’encrier, 200 pages)

La romancière Léonora Miano a demandé à dix hommes «écrivains des mondes noirs» de raconter une première nuit d’amour. Le recueil explore ainsi une thématique peu développée des littératures noires francophones, celle de l’intime et du désir. Alfred Alexandre, Edem Awumey, Julien Delmaire, Frankito, Julien Mabiala Bissila, Jean-Marc Rosier, Insa Sané, Felwine Sarr, Sunjata et Georges Yémy parlent désir naissant, rencontre amoureuse, plaisir et sexualité subversive, et décrivent la passion, le frémissement, les pulsions et autres vibrations du corps et de l’esprit.

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Projet d’été: découvrir Emmanuel Cocke

Quatre publications devraient attirer le regard pour mieux connaître Emmanuel Cocke, figure de proue de la contre-culture, décédé à l’âge de 28 ans alors qu’il connaissait un certain succès  mérité, cela va sans dire. En 2013, Coups de tête rééditait dans une même parution, Louve storée, Sexe pour sang et Sexe-fiction, trois recueils écrits dans les derniers instants de sa vie. Puis, chez Tête Première, ses deux romans L’emmanuscrit de la mer morte et Va voir au ciel si j’y suis se retrouvaient édités tête-bêche, alors que chez Poètes de brousse, c’est l’inédit L’exquis cadavre qui faisait saliver. Cet hiver, le biographe de Cocke, Ralph Elawani, venait conclure la réédition de ces œuvres avec C’est complet au royaume des morts (Tête Première), une biographie où l’on plonge autant dans la vie de l’écrivain de 28 ans, mort il y a maintenant plus de 40 ans, que dans celle de la contre-culture qui enveloppait son travail, lui qui était contemporain de Claude Lelouch et Denis Vanier. Il nous présente le «cascadeur de l’esprit» qu’il était, par les bribes qu’il reste de lui. Si le temps ne vous est pas compté, penchez-vous sur ces quatre parutions et frottez-vous à cet homme méconnu et les œuvres qu’il a produites.