Marathon d’écriture intercollégial : Un trip de 24 heures
Le Marathon d’écriture intercollégial célèbre son 25e anniversaire, aujourd’hui, rappelant du même coup que, oui, les jeunes aiment écrire.
Né en 1991, le marathon est le résultat du travail de l’animateur à la vie spirituelle de l’époque et de quelques étudiants qui souhaitaient rassembler leurs efforts pour écrire pendant 24 heures, sur divers sujets. Au départ, 18 étudiants ont participé à l’événement. Aujourd’hui, ce sont de 200 à 225 jeunes auteurs en provenance de près de 50 cégeps qui se feront aller crayons et méninges, dès 13h30, ce vendredi 27 février, jusqu’à la même heure, le lendemain, dans quatre cégeps du Québec.
Pendant 24 heures, c’est une centaine de jeunes qui participeront, au cégep André-Laurendeau, à des ateliers d’écriture et un concours annuel, et qui créeront des liens animés par le désir et le besoin d’écrire. Trois autres cégeps seront hôtes de marathons simultanés, soit le Cégep Garneau, à Québec, le Cégep de Sorel-Tracy (pour le centre du Québec), et le Cégep de Rimouski (couvrant tout l’est de la province).
Gilbert Forest, organisateur du Marathon d’écriture intercollégial au cégep André-Laurendeau depuis plus d’une vingtaine d’années, est intarissable quand on le questionne sur l’événement. Autant les jeunes écrivains en herbe que les ateliers, auteurs invités et activités qui forgent le Marathon l’animent d’une passion contagieuse. « Pour n’importe quel jeune qui a envie d’écrire, pour qui c’est une passion de tenir un journal, d’écrire des petits essais, c’est une chance unique de venir vivre un trip d’écriture en gang, pendant 24 heures, et en plus, on leur donne l’opportunité de rencontrer des auteurs, donc c’est vraiment ouvert à tout le monde.
Contrairement à la croyance populaire, ce ne sont pas que des jeunes inscrits aux programmes d’arts et lettres qui participent au marathon, rappelle M. Forest. Ces activités d’écriture libre ou dirigée font en sorte que chaque participant vit un moment unique, peu importe sa provenance et ses intérêts. J’ai l’impression que c’est souvent juste du négatif qu’on véhicule par rapport aux jeunes et cette activité-là, pour moi, c’est important de la faire connaître. »
Horaire militaire et motivation
Si Gilbert Forest admet avoir un horaire réglé au quart de tour, permettant à tous de se familiariser autant avec la poésie (avec David Goudreault) que la caricature (avec Marc Beaudet), ou encore avec l’écriture de chanson (avec Anique Granger) ou le journaliste (avec François Bugingo), ou de nombreuses autres facettes de l’écriture, le plaisir est tout de même au rendez-vous, chaque année.
Pour l’édition 2015, c’est l’humoriste François Pérusse – dont la réputation n’est plus à faire et dont la carrière sera soulignée lors du prochain festival Juste pour rire – qui a accepté le rôle de porte-parole et président d’honneur. Il en profitera pour animer un atelier sur l’écriture humoristique et sa présence sera requise tout au long du marathon. Et comme les auteurs et les porte-parole le sont chaque année, Gilbert Forest assure qu’il sera abasourdi par l’implication et la motivation des jeunes. « C’est pas facile mais ils sont tellement fiers d’avoir fini, après! »
25 ans de souvenirs littéraires
C’est en fouillant la mémoire du marathon que Gilbert Forest se remémore des perles. D’une lecture troublante de lettres écrites lors d’un atelier avec Jean-Marie Lapointe où tous ont fondu en larmes, en passant par un atelier marquant sur l’intimidation, avec Jasmin Roy, le marathon d’écriture provoque des moments éprouvants, d’année en année.
Parmi les souvenirs les plus marquants, M. Forest nomme l’année où Fred Pellerin avait dû donner son atelier d’écriture dans une semi-noirceur, le samedi matin, puisqu’une panne d’électricité sévissait à ce moment-là; ou encore la fois où tout le monde s’était déplacé dans les gymnases du cégep André-Laurendeau lorsqu’un feu s’était déclaré au collège, et que Francine Ruel avait offert son atelier un brin improvisé, assise par terre, dans un gymnase, avec les étudiants rassemblés autour d’elle. « Chaque année, il y a un petit moment magique qui nous rappelle pourquoi on fait ça. Et c’est pour ça que je mets autant d’énergie dans cette activité-là. »
En plus d’avoir connu trois volets internationaux (Paris en 1999, Guadalajara en 2003 et Bruxelles en 2008), le marathon s’inscrit maintenant dans les activités du RIASQ, un gage, selon M. Forest, que « les étudiants aiment l’écriture beaucoup plus qu’on pense et on s’en rend compte avec cette activité-là. » Pour certains, le marathon va même jusqu’à confirmer des carrières en journalisme, en lettres, en édition ou en enseignement. Nombreux sont les anciens participants qui reviennent aujourd’hui avec leurs propres étudiants. « Il y a plein de retombées qu’on ne voit pas nécessairement, mais qui sont bien là », rappelle Gilbert Forest.
Un défi de taille et un pas vers l’avenir
Cette année, Gilbert Forest et son équipe préparent tout un événement en pleine nuit, toujours sur la thématique de cette édition, « Autres fois ». À trois heures du matin, alors qu’il viendra le temps de faire bouger les jeunes et se délier les jambes, une thématique fifties et Grease prendront le dessus. Les étudiants devront ensuite, en équipe, réécrire Grease, en version 2015.
De plus, l’organisateur concocte un projet spécial. Chaque année, il demande aux participants d’écrire une lettre à ceux de l’année suivante. Cette année, en plus de cette missive à laquelle ils devront répondre à leur tour et passer au suivant, les jeunes devront écrire une lettre aux participants de l’an 2040 qui eux, ouvriront la lettre dans 25 ans. Une belle manière de célébrer le quart de siècle anniversaire de 2015 avec panache puisque les lettres pour 2040 seront placées dans un coffre qui sera enfoui dans un mur du cégep pour les 25 prochaines années.
C’est donc un défi de taille qui attend les nombreux étudiants qui participeront au marathon, cette année. La rapidité d’exécution et d’écriture sera au menu, mais l’organisateur rappelle que le produit tiré de ces ateliers est franchement surprenant. Bien que la tâche soit ardue, reste que le travail intellectuel et la fatigue physique seront récompensés par le sentiment du travail accompli. « Je leur lève mon chapeau, vraiment, car pour les étudiants qui participent, c’est vraiment tout un défi. »
Le Marathon d’écriture intercollégial se déroulera pendant 24 heures, du vendredi 27 février au samedi 28 février. Les festivités seront lancées dès 13h30.
Il sera possible de découvrir le texte gagnant du concours dans les pages du Voir, d’ici quelques semaines.