Maison de la littérature : Le (grand) retour d'une biblio municipale dans le Vieux-Québec
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Maison de la littérature : Le (grand) retour d’une biblio municipale dans le Vieux-Québec

L’arrondissement historique, la cité intra-muros pour être précis, n’avait plus de bibliothèque depuis une demi-décennie. Or, elle nous revient dans une version améliorée, toujours dans l’ancien temple Wesley. 

Bernard Gilbert (Crédit: Martine Doyon)
Bernard Gilbert (Crédit: Martine Doyon)

Les plus vieux s’en souviennent et vos parents (c’est mon cas) vous l’ont sans doute déjà raconté. De 1944 à 1999, l’église méthodiste de la rue Saint-Stanislas accueillait bon nombre de concerts et de pièces dans une salle qu’on appelait communément L’Institut canadien.

Bernard Gilbert, directeur général de la Maison de la littérature, nous raconte. «Y a des gens qui se rappellent  y avoir vu Vinci de Robert Lepage alors que c’était en tournée. Moi, je me souviens de Pour en finir une fois pour toutes avec Carmen. C’était en 1987 ou en 1988 et Robert s’était intéressé à l’opéra Carmen, c’était avec Sylvie Tremblay. Ce n’était pas une adaptation, mais plutôt une relecture avec des airs chantés.»

Salle de L’Institut Canadien, 1990 (Courtoisie)
Salle de L’Institut Canadien, 1990 (Courtoisie)

Faut dire que ce haut lieu de la culture portait le nom de l’organisme qui y logeait: l’Institut canadien de Québec, un regroupement d’intellectuels franco-canadiens, essentiellement des historiens et des écrivains, qui a vu le jour en 1848. «C’est le seul d’une soixantaine d’Instituts canadiens qui existe encore, qui n’est pas dormant et qui continue de prendre de l’essor. Il y a eu un très important Institut canadien à Montréal, qui était anticlérical, qui s’opposait à l’Index et qui était très actif. Comme les membres s’opposaient beaucoup au pouvoir, ils ont été dissous et ç’a fini par disparaître.»

À la base, et toujours selon M. Gilbert, c’était «un réseau de défense et de promotion de la culture francophone sous l’Empire britannique».

Bibliothèque centrale de Québec au rez-de-chaussée de la Salle de L’Institut (temple Wesley), 1948 (Photo : Office provincial de publicité, Québec)
Bibliothèque centrale de Québec au rez-de-chaussée de la Salle de L’Institut (temple Wesley), 1948
(Photo : Office provincial de publicité, Québec)

Toujours bien implanté dans la communauté locale, l’Institut canadien de Québec gère les bibliothèques publiques de Labeaumeville en plus d’être un réel point de rencontre pour l’intelligentsia d’ici et d’ailleurs. C’est lui qui organise, notamment, l’événement Québec en toutes lettres. Un genre de colloque pour auteurs bien établis qui tend la main au grand public depuis cinq ans.

 

La troisième vie

Construit en 1848, soit 44 ans avant le début des travaux au Château Frontenac, le temple Wesley a été la première église de style néogothique à Québec. Aujourd’hui, et à l’aube de la seconde réincarnation du lieu, l’architecte originel Edward Staveley voit son imposant travail bonifié par la firme montréalaise Chevalier Morales et les généreuses subventions des instances gouvernementales. C’est à elle qu’a été confié l’aménagement, mais aussi l’agrandissement de ce centre à vocation multiple d’une valeur de 14,6 millions de dollars. Son mandat: réaménager la bibliothèque, rediviser l’espace pour accueillir des bureaux (comme ceux de la Shop à Bulles), créer un espace bistro sur mesure pour les lancements de livres, intégrer une exposition audiovisuelle permanente et faire revivre la scène d’antan.

Vue de la salle de spectacle rénovée (Courtoisie: Chevalier Morales)
Vue de la salle de spectacle rénovée (Courtoisie: Chevalier Morales)

Un gros défi que les architectes ont relevés avec brio. Bernard Gilbert s’enthousiasme: «C’est très moderne, mais ce que j’aime beaucoup c’est qu’ils ont réussi à préserver des éléments essentiels du bâtiment original tout en faisant une rénovation vraiment complète. À l’intérieur, tout a été défait jusqu’au roc.»

C’est en construisant un agrandissement à côté, une «rallonge», en fait, qu’ils sont parvenus à conserver la hauteur vertigineuse des plafonds, mais aussi la luminosité assez exceptionnelle de la salle de lecture dotée d’un réseau wi-fi, une solution économique et ô combien plus inspirante que les Starbucks et leurs cousins pour les étudiants comme pour les travailleurs autonomes. La seule condition? Avoir sa carte d’abonnement pour les bibliothèques de Québec.

Vue de la nouvelle bibliothèque (Courtoisie: Chevalier Morales)
Vue de la nouvelle bibliothèque (Courtoisie: Chevalier Morales)

La 25e adresse du réseau se spécialisera en littérature québécoise et comptera de 20 000 à 25 000 documents. Elle sera ouverte six jours sur sept pour un total de 56 heures par semaine.

L’inauguration de la Maison de la littérature sera soulignée par un parcours déambulatoire créé par l’ingénieuse Nancy Bernier (Manoir de l’Horreur) les 9 et 10 octobre au soir dans les rues du Vieux-Québec. Sept stations seront aménagées, dont une mettant en vedette Alaclair Ensemble et Karim Ouellet. Une autre, celles des essayistes, rendra notamment hommage au travail de notre collègue Normand Baillargeon.

La Maison de la littérature

42, rue Saint-Stanislas

Plus d’infos via maisondelalitterature.qc.ca

 

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