Mark Lavorato : Serafim et Claire
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Mark Lavorato : Serafim et Claire

Serafim et Claire est le troisième roman du Montréalais Mark Lavorato, mais il s’agit ici de son premier livre publié en français aux éditions Marchand de feuilles et traduit par Annie Pronovost. Plongé tantôt dans un Montréal des années 1920, tantôt dans un Portugal au cœur d’une Europe en sortie de guerre, le roman de Lavorato se veut un chassé-croisé entre deux destins que tout oppose, bien sûr, qui finiront par s’entrecroiser, assurément. Claire, jeune femme issue d’une bonne famille catholique de Québec, se retrouve à Montréal avec pour seule carte de visite son talent et sa passion pour la danse. De son côté, Serafim, photographe tant amateur qu’avant-gardiste, quittera son Portugal natal sur un coup de tête pour se rendre à Montréal, question de se prouver qu’il est encore maître de son destin.

Au détour de ces histoires qui se développent principalement en parallèle, on est lancé sur la scène des cabarets burlesques de Montréal, milieu intransigeant où chacune souhaite être la meilleure et dégoter un contrat vers New York ou ailleurs. L’endroit est parfait pour y dépeindre la corruption du milieu politique et l’omniprésence du jugement religieux de l’époque. D’un autre côté, l’arrivée à Montréal de Serafim permet de mettre en lumière le melting pot qu’était cette ville au début du siècle, ainsi que la division linguistique ancrée dans les us et coutumes. À la fois roman de mœurs et fresque historique, Serafim et Claire nous fait comprendre rapidement que cette ville est bien plus grande qu’une simple histoire d’amour.

Au fil de la lecture, la construction du roman finit par être répétitive. La narration non linéaire qui semblait intéressante au début de la lecture devient parfois un peu lourde, créant un sentiment de redite lorsque les deux personnages racontent la même histoire. De plus, chaque chapitre de Claire commence avec une lettre provenant de sa sœur, Cécile, alors que les chapitres de Serafim débutent par la description d’une photo. Chaque lettre de Cécile semble là simplement pour placer l’époque, alors que les photos de Serafim tentent de justifier sa démarche. Reste que la ville effervescente vibre sous l’écriture de Lavorato, allant même jusqu’à faire ombrage aux personnages. Un livre qui se lit telle une agréable promenade dans un Montréal qu’on n’a pas connu, mais, à la fin, une seule question persiste: va-t-il nous en rester un quelconque souvenir?

Serafim et Claire
Mark Lavorato
Marchand de feuilles, 461 pages, 2016