Entrevue avec Stéphanie Boulay à propos de son premier roman
Stéphanie Boulay, bien connue comme chanteuse et musicienne au sein du groupe qu’elle forme avec sa cadette Les Soeurs Boulay, lançait son premier roman récemment chez Québec Amérique (collection La Shop), À l’abris des hommes et des choses.
Dans la langue du personnage principal, une jeune fille naïve et candide ayant des troubles d’apprentissage («pas vite vite», avoue-t-elle), l’auteure nous emporte dans un quotidien avec Titi, sa gardienne en manque d’amour (sa soeur, sa mère? On le sait pas trop.), dans un village isolé alors que l’hiver approche et qu’elle découvre des papillons dans son ventre suite à la rencontre d’un garçon.
«C’est une histoire sur la confiance, l’ouverture et ultimement la solitude, dit-elle en entrevue. C’est cette petite fille qui n’a pas de repères, qui fait confiance aux gens et qui se retrouve de plus en plus seule.» Reste que malgré les déceptions et les échecs, le regard de la petite sur son entourage est lumineux, naïf et candide. «On la sent devenir plus lucide au fil du roman, explique l’auteure. Même si c’est le personnage le plus mésadapté, ça reste la plus sensée au bout du compte.»
Stéphanie Boulay avoue que, outre quelques détails comme l’impression d’être inadéquate ou incomprise parfois, il n’y a pas beaucoup d’elle ou de ses proches dans ce roman. L’idée lui est venue comme un coup de foudre et l’écriture a été tout naturel.
«J’avais écrit une première nouvelle littéraire il y a deux ou trois ans autour de la dynamique entre Titi et la jeune fille en une journée en écoutant Chelsea Hotel de Leonard Cohen, précise-t-elle. Même si la nouvelle était derrière moi, je continuais à penser aux personnages. J’ai pas travaillé à leur élaboration, ils étaient tout fait, je ne faisais que les décoder.»
Un jour, sur la route entre Montréal et Saint-Adèle, ç’a a été l’éclair. «L’histoire m’est tombée dessus subitement. J’ai ouvert le dictaphone sur mon cellulaire et j’ai parlé pendant 15 minutes. Je me sentais tellement ridicule! J’ai détaillé l’histoire dans les grandes lignes.» Quelques semaines plus tard en voyage au Costa Rica, elle s’est levée tous les jours pour écrire. «Ça déboulait. J’avais l’impression d’être dans la peau du personnage et de voir la vie comme elle la voyait. C’est comme si mon regard avait changé et j’avais même de la misère à m’en sortir pour continuer mon voyage.»
Après avoir travaillé avec Stéphane Dompierre sur le recueil de nouvelles Travaux manuels, elle lui a demandé conseil à savoir quelles maisons d’édition elle devrait approcher pour le roman. «Il m’a dit: «Ah ben c’est drôle que tu me parles de ça parce que je pars une branche de Québec Amérique qui est plus sombre et edgy.» Et voilà que La Shop naît ce mois-ci avec ce premier roman de la chanteuse.
Si Stéphanie Boulay avait du mal à dire: «oui, je suis auteure», aujourd’hui, elle l’assume bien.
Le public peut découvrir sa plume à travers l’histoire de cette jeune fille de village et puisque la langue est si particulière cette fois-ci, elle s’épanouira dans un tout autre univers la prochaine fois.
«La langue, les choix de mots et la façon de formuler des phrases, ça ne m’appartient pas, ça appartient vraiment aux personnages. J’ai commencé à écrire autre chose, j’ai déjà deux nouveaux personnages en tête et c’est complètement différent dans le ton et le rythme.»