Romans
Deux écrivaines ont décidé, en cette rentrée 2017, d’occuper le territoire. D’abord Audrée Wilhelmy, l’auteure derrière Oss (Leméac, 2011) et Les sangs (Leméac, 2013), qui nous revient avec un troisième roman, Le corps des bêtes, poursuivant ainsi son œuvre avec cohérence et concision. Dans une ville portuaire du bout du monde, une jeune fille espère qu’un jour son oncle lui ouvrira la porte de sa chambre pour l’éduquer aux élans du corps. En attendant, elle fréquente le bois et les bêtes. (En librairie)
De son côté, l’écrivaine chicoutimienne Lise Tremblay publie au Boréal L’habitude des bêtes, un roman qui promet une plongée dichotomique en bonne et due forme entre le bien et le mal. Les loups refont surface dans la réserve faunique près d’une municipalité de Saguenay et rapidement deux camps se formeront: certains désireront les éradiquer, d’autres voudront cohabiter avec eux. Ces citoyens armés en plein cœur du village viendront dessiner une cicatrice vive de laquelle émaneront des histoires passées qu’on aurait préféré garder enfouies. (À paraître le 23 septembre)
Traductions
Après le succès trop confidentiel de l’excellent Du ventre de la baleine (Boréal, 2012), on aura enfin le plaisir de redécouvrir le génie narratif de l’écrivain terre-neuvien Michael Crummey avec la traduction de Sweetland chez Leméac. Une île au large de Terre-Neuve se voit relocalisée; tous les habitants la quittent sauf un. Moses Sweetland, maintenant seul, aura le loisir d’alors vivre dans le passé. (À paraître le 18 septembre)
Les éditions Triptyque traduisent cet automne Les argonautes de Maggie Nelson. Ni fiction, ni essai, ni biographie, ni récit, ce livre rappelle I Love Dick de Chris Krauss publié l’année dernière chez Flammarion en raison de son caractère hybride. Une réflexion qui jumelle tout: l’amour, le sexe, la maternité et les transformations incessantes qui font de nous des êtres de chair. (En librairie)
Après Aki Ollikainen et Gyrðir Elíasson, les éditions La Peuplade poursuivent leur collection «Fictions du Nord» avec l’écrivaine groenlandaise Niviaq Korneliussen et son roman Homo sapienne. Il s’agit d’une nouvelle – et d’une rare – voix littéraire issue de ce pays, nous offrant un roman queer en plein cœur des contrées nordiques. Fort probablement l’un des romans les plus dépaysants de l’automne. (À paraître le 26 septembre)
Essais
Bienvenue au pays de la vie ordinaire. Voilà déjà un titre d’essai un brin provocateur qui n’est pas pour nous déplaire. Mathieu Bélisle signe un livre qui se veut une réflexion sur l’homme moyen qui peuple notre société, celui que le manque d’ambition ou de curiosité aveugle les possibilités et les désirs, les gardant trop bien cachés sous un drap d’ignorance. Qu’adviendrait-il s’il osait un jour regarder plus haut? (À paraître en octobre)
Frédérick Lavoie parvient toujours dans ses livres à ramener à échelle humaine des enjeux qui trop souvent nous dépassent. Avec Avant l’après: voyage à Cuba avec George Orwell, l’écrivain et journaliste se plonge au cœur de cette période de flottement qui a cours à Cuba à la suite du départ de Fidel Castro. Au détour de ce témoignage des derniers milles du régime castriste, Lavoie tente au même moment de comprendre pourquoi le régime a décidé d’autoriser la publication de 1984, œuvre phare et antitotalitariste de George Orwell, en 2016. (À paraître le 24 octobre)
Poésie
On ne sait rien encore du prochain recueil de poésie de François Rioux autrement qu’il nous arrivera en libraire cet automne, intitulé L’empire familier au Quartanier. Fort de son Prix des libraires pour son deuxième recueil, Poissons volants (Le Quartanier, 2014), Rioux offre une poésie du quotidien, mais il parvient à le sublimer, à lui rendre sa superbe. Avec des références tantôt littéraires, tantôt populaires, Rioux écrit avec un humour certain pour célébrer nos inextricables détresses à la petite semaine. (À paraître le 23 octobre)
Roger Des Roches manie la langue comme une saison que lui seul peut habiter. Après plusieurs dizaines de recueils de poésie publiés, Faire crier les nuages paraîtra cet automne aux Herbes rouges et on s’attend à ce qu’il poursuive cette recherche poétique qui occupe a posteriori toute son œuvre. Une soif insatiable de concision et d’évocation qui, à chaque recueil, nous submerge telle une vague scélérate. (À paraître le 23 octobre)