Michel Falardeau et Cab : L’esprit du camp, tome 2
Celles et ceux qui trouvent que les vacances se sont terminées trop rapidement auront droit à une prolongation saisonnière: Michel Falardeau et Cab nous offrent enfin le deuxième et dernier tome de L’esprit du camp.
«À part le père Noël, je connais pas beaucoup de visiteurs nocturnes avec des bonnes intentions…» C’est qu’après une nuit d’enfer pendant laquelle Élodie est la seule à avoir vu jaillir le torse possédé et le visage anguleux du directeur en plein dortoir des monitrices, elle se réveille cernée jusqu’au ventre, ankylosée. Alors que son groupe de turbulentes petites rouquines – adorablement indomptables! – quémandent la présence de leur nouvelle idole, celle-ci reste clouée au lit… pour le reste de l’été. Malgré tout, ni les rumeurs qui courent ni les coyotes qui rôdent n’empêcheront notre héroïne mal en point de sortir vérifier elle-même à quoi s’adonne le directeur dans la forêt entre le crépuscule et l’aurore. Est-ce vraiment un cardio de feu qui pousse son amie Catherine à faire son jogging avant le lever du soleil chaque matin?
On l’aura compris: cette seconde partie se concentre davantage sur le mystère du camp du Lac à l’Ours que sur l’histoire d’amitié foudroyante qui avait été dessinée dans le premier volet – qu’il est nécessaire d’avoir lu afin de suivre le fil. Expressions faciales d’une justesse fascinante, atmosphère quasi cinématographique: le dessin de Falardeau est hypnotisant et la colorisation de Cab (Hiver nucléaire), remarquable. Un «lexique québécois» un peu redondant placé avant chaque chapitre se fera vite oublier grâce à un humour pince-sans-rire – salutations au personnage d’Hector le formidable! –, à une tension dramatique soutenue et à des propos toujours actuels.
À qui s’adresse-t-on réellement lorsqu’on campe – poudoum tsh! – une histoire d’ados dans les années 1990: au public jeunesse, ou aux nostalgiques d’une époque révolue? Falardeau ne s’en cache pas: c’est un backflip assumé dans ce qui a teinté sa propre adolescence. Il est d’ailleurs amusant de remarquer à quel point l’allure grunge des protagonistes est au goût du jour en 2018; mais heureusement, bien au-delà des apparences, on retrouve des personnalités féminines substantielles, affirmées.
Une suite qui plaira davantage aux fans d’horreur fantastique qu’aux romantiques – une aventure pour guerrières et guerriers de tous les âges, qu’aucune bête nocturne ne fera reculer. Quelle que soit sa forme.