Delaf et Dubuc : Les Nombrils (tome 8)
Prêtes pour du changement? Car si l’affirmation de soi et l’émancipation sont le moteur des derniers épisodes des Nombrils, Delaf et Dubuc passent en cinquième vitesse avec Ex, drague et rock’n’roll que nous attendions depuis Un bonheur presque parfait paru il y a déjà trois ans.
Les couteaux – ou les ciseaux – volent bas dans la chambre de nos bombasses nationales, qui la partagent depuis le match de leurs parents. De son côté, Karine n’a rien à cirer des enfantillages de ses vieilles copines: ex-bouc émissaire, celle qui est devenue la star de l’école est en tournée avec son band Albin et les albinos, dont la popularité avait été propulsée par une tentative de meurtre du chanteur. Et elle sera prête à tout pour éviter qu’un autre groupe populaire ne leur vole le spotlight pour une «raison» tout aussi saugrenue.
Mensonge, jalousie, manipulation: Les Nombrils n’ont jamais donné dans la dentelle ni le politiquement correct, et c’est là une des grandes forces – encore trop peu courantes en littérature jeunesse – de la série. Qui a envie d’être prise par la main? Bon; peut-être Jenny qui, en peine entre son image «impeccable» et l’amour pour quelqu’un «hors de ses standards», subit l’amertume d’une pauvre Vicky incapable de supporter ni le succès ni le bonheur d’autrui. Karma is a b*tch, disait-on?
Je m’en ennuyais, des éclats de rire francs que provoque l’humour unique de Delaf et Dubuc, tantôt franchement grinçant, tantôt complètement absurde, mais toujours savamment calibré. Malgré ses mises en scène cruelles et ses vacheries impardonnables, ce n’est pas sans émotion que le duo, que j’ai rencontré au Salon du livre de Montréal, parle de ses personnages et des chemins parfois rocailleux qu’il leur est donné d’emprunter. L’illustrateur mentionnait d’ailleurs avoir été touché en dessinant pour la dernière fois – jusqu’à nouvel ordre – l’iconique chapeau vert de Jenny. Prélude d’une finale importante, surprenante, qui tirera certainement une larme aux plus grandes fans d’entre nous – tousse, tousse. On m’a rassurée: un prochain tome est bel et bien prévu, avant quoi on pourra lire un Vacheries, série satellite de planches à gags.
Marc Delafontaine et Maryse Dubuc, merci de faire confiance à votre lectorat; merci pour ce huitième tome qui, au-delà des apparences, est empreint d’une grande sensibilité. Comme Jenny, je vous lève mon chapeau.