Les incontournables de la rentrée littéraire
Livres

Les incontournables de la rentrée littéraire

L’automne dans une librairie est quelque chose comme un moment magique: on cligne des yeux et les livres se renouvellent sur chaque table et tablette. Pour ne pas s’y perdre, voici un survol des livres à paraître dans les prochaines semaines.

Depuis le succès de Bondrée, Andrée A. Michaud jouit d’un lectorat encore plus grand, bien qu’elle peaufine sa maîtrise du polar depuis plusieurs années déjà. Avec Tempêtes, elle semble nous offrir un Michaud pur jus: deux versants d’une même montagne, une même nature qui s’y déchaîne. Chez l’autrice, les huis clos en forêt sont anxiogènes au possible, encore plus lorsque son éditeur nous promet son roman le plus noir où les corps s’empilent. À lire absolument, dès la fin septembre.


C’est aussi en forêt qu’on retrouvera Élise Turcotte, poète et romancière de métier, qui signera en octobre L’apparition du chevreuil. Une écrivaine recluse dans un chalet pour fuir le bruit et la violence de la ville, à la suite de menaces reçues sur les réseaux sociaux. L’immobilité du monde est un mythe et s’en extirper est un fantasme. Aux confins de ses réflexions qui bousculent ses fondations mêmes, elle verra la nature lui fournir peut-être plus de questions que de réponses.


Malgré deux romans remarquables publiés coup sur coup et son Prix des collégiens en 2014 pour Guano, Louis Carmain est un écrivain méconnu qui nous revient comme une célébration cinq ans plus tard avec un troisième livre à la mi-septembre. C’est à Mexico que se déroulera Les offrandes, roman noir qui devrait renouer avec le style unique de Carmain: musical et recherché. Si l’éditeur comparait son premier opus avec les grands que sont Gracq et Echenoz, ce sont, à mon avis, des traces de Jean-Marie Blas de Roblès que l’on trouve dans son art romanesque.


On quitte le Mexique pour Montréal aux bons soins de Pierre Samson avec Le mammouth, qui retrace l’histoire oubliée de Nick Zynchuck, immigrant et chômeur d’origine ukrainienne abattu par la police dans le dos en 1933. De cette histoire, Samson fait renaître un Montréal d’une autre époque et plonge le Québec dans l’une de ses révolutions avortées. À découvrir dès la mi-octobre.


En poésie, Martine Audet commet un nouveau recueil au Noroît et on doit s’en réjouir, tout simplement. Celle qui, depuis plus d’une dizaine de livres, découpe le silence comme la matière première de l’essor poétique arrive avec La société des cendres, un recueil qui pose beaucoup plus de questions qu’il ne donne de réponses. Là est la force de la poète: faire entrer son lecteur dans un univers sans vérité, sinon celle du poème.


Rodney Saint-Éloi, pour sa part, publie un recueil au magnifique titre: Nous ne trahirons pas le poème. Dans cette lettre d’amour à l’art poétique, l’auteur de Je suis la fille du baobab brûlé et grand manitou des éditions Mémoire d’encrier récidive avec un livre tissé d’une parole vraie.


Côté essai, on devra porter notre attention sur le second du philosophe Jérémie McEwen qui publie chez XYZ Philosophie du hip-hop: des origines à Lauryn Hill. Dans ce projet fou découlant d’un cours qu’il a lui-même créé, l’auteur tente ici non pas d’insuffler la philosophie à la culture hip-hop, mais plutôt de cerner celle qui s’y trouve déjà, à même les textes, les graffitis, etc.


Côté bande dessinée, c’est une rencontre au sommet qui nous fascine, celle entre le bédéiste québécois encensé Guy Delisle et le grand écrivain français Jean Echenoz. Ils proposent en novembre chez Pow Pow Ici ou ailleurs, une pérégrination dans l’œuvre minimaliste du romancier portée par le trait singulier de l’illustrateur. À parier que ce sera là l’un des grands moments littéraires de l’automne!