Diane Boudreau : Une éducation bien secondaire
Diane Boudreau, enseignante de français au secondaire depuis une trentaine d’années, a remis sa démission en 2012, cinq ans avant de prendre sa retraite. Les conditions inacceptables dans lesquelles Mme Boudreau devait enseigner, tout comme ses collègues, ont eu raison de sa volonté et de sa passion. En résulte Une éducation bien secondaire, un essai à la hauteur de cette écœurantite aiguë, où un état des lieux de l’éducation au secondaire est livré avec intelligence et moult références, doublées d’un sarcasme persistant. «Je ne suis pas la première à remettre en question le programme de formation de l’école québécoise», admet Boudreau d’entrée de jeu, avant de diviser son essai en cinq chapitres (situation des enseignants au secondaire, évaluation des élèves, formation universitaire des futurs enseignants, réponse aux 29 universitaires auteurs d’un manifeste en faveur de la réforme publié en 2011, et finalement, changements souhaitables pouvant susciter réflexions et questionnements). Elle enchaîne avec une affirmation-choc: «L’éducation n’est pas une priorité au Québec.» Et malgré le choc encaissé, il faudra bien admettre que l’auteure n’a pas tort.
Tout d’abord vive critique du MELS (ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport), de ses programmes et de son manque d’égard envers la compétence des enseignants, ce court essai se découvre dans l’évocation de l’«entrepreneurialisation» de l’école secondaire, de ses enseignants et de la «clientélisation» de ses éleves. En favorisant l’incompétence et en n’écoutant pas les enseignants dans la création de la réforme, le MELS a foncé droit dans le mur, selon Mme Boudreau, révélant un milieu scolaire dont la culture générale ne fait plus partie et où la maîtrise du français n’est que rumeur. Malgré tout, l’ex-enseignante propose, dans un bref chapitre composé surtout d’énoncés, quelques pistes de solution. Certes, celles-ci semblent évidentes, a priori, mais un second essai serait nécessaire pour les développer et en faire un véritable manifeste – Pour une éducation prioritaire, quoi! –, puisqu’elles occupent ici un bien maigre espace.
Poètes de brousse, coll. Essai libre, 2013, 124 p.