Zviane : Les deuxièmes
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Zviane : Les deuxièmes

Fugue en sol étranger

De l’amusante saga L’Ostie d’chat, on retiendra de Zviane – et d’Iris Boudreau, son acolyte qui n’intervient toutefois pas dans l’ouvrage présent – ce talent mordant pour mettre en image des bonshommes aussi archétypaux que riches et profonds. Si leurs plumes a permis au grand public de découvrir les Jasmin, Jean-Seb, Legolas (bien sûr) et autres personnages marquants, ces derniers auront révélé deux artistes capables de rendre «humain» ce qui pourrait demeurer cruellement unidimensionnel. Zviane et Iris pourrait bien être à la BD québécoise ce que les Soeurs Boulay ou Lisa LeBlanc sont à la chanson : de jeunes voix en phase avec leur époque, mais avec assez de recul pour la triturer et Les deuxièmes en est un brillant exemple.

En combinant avec ferveur deux de ses passions – la BD et la musique -, l’illustratrice et professeure de théorie musicale innove et fait d’une histoire quand même courante (deux amants se retrouvant le temps d’une étreinte ou deux) une réflexion sur l’amour contemporain, voire sur la musique. Sur fond de lieu clos aussi épuré qu’étranger – un chalet en Hollande -, Zviane oppose deux musiciens s’accompagnant au piano ainsi qu’au lit. En enchaînant des saynètes d’apparence banales (un repas, un jam, etc.), Zviane dépeint sans pudeur, ni artifice la relation alambiquée d’un couple d’amants qui en viendra à mettre ses ébats sur partition. Tout comme le coup de crayon de l’auteure, l’essentiel de la BD est tout en subtilité.

La seule ombre au tableau est à l’image d’une aventure et Les deuxièmes s’avère un peu court. On se surprend à souhaiter une suite là où le récit devait se finir et n’est-ce pas là le propre d’une grande oeuvre?

Les deuxièmes, Éditions Pow Pow, 2013, 128 p.

Les deuxièmes
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Zviane
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