Le titre à lui seul est déroutant. À le lire, on s’attend à remonter le fil d’une grande saga historique et rocambolesque. L’image de couverture nous montre un gros type, enveloppé dans son manteau trop serré, le cordon de sa capuche tendu pour ne laisser voir que son visage à la fois niais et inquiet. On l’apprendra plus tard, Michel – c’est son nom – n’aime pas le vent. Il faut retourner l’album pour voir une dame, sa mère, Catherine, 72 ans, qui le tient par la main. Ce ne sera pas une saga, non, mais bien une quête du quotidien pour ce duo de l’héroïsme ordinaire.

Naguère beau jeune homme plein d’entrain, Michel, 46 ans, est désormais handicapé à la suite d’un accident de voiture. Il habite avec sa mère, veuve, qui veille sur lui. Elle lave ses vêtements, répond des centaines de fois à la même question à propos de son dessin animé favori – «Ça a déjà commencé?» –, lui fait à manger et se rend elle-même au vidéoclub pour lui louer sans broncher son film porno préféré. Mais voilà, Michel est immense, presque un fardeau. Si l’amour de sa mère demeure fort comme le roc, ses capacités à le porter s’amenuisent. Reste une solution… Continuer.

Un album magnifique, consistant et fort, autant dans la beauté toute simple du texte que dans le trait qui magnifie, par le sourire et le mouvement, la lourdeur du combat qui se gagne à coups de petites batailles et d’anecdotes. Solide. Dargaud Benelux, 2013, 56 p.