Sylvie Nicolas : Les variations Burroughs

Sylvie Nicolas est poète et a, jusqu’à aujourd’hui, publié une trentaine de titres. Il était donc naturel que son récit soit empreint de poésie, d’une recherche particulière dans le ton comme dans la forme. On y découvre une femme à la fois sœur, fille, petite-fille, amoureuse et auteure. Elle livre au fil des pages des épisodes de sa vie un peu épars, sans autre ordre que celui des souvenirs qui remontent à la surface, au hasard des variations de sa vie et des émotions qui les accompagnent. Décès d’un frère, rupture amoureuse difficile, bonheur enfantin chez les grands-parents en vacances, maturité un peu trop rapide. Autant de temps forts à raconter, à relier par le fil conducteur de la lecture et de l’écriture. Ces deux disciplines émergent d’ailleurs régulièrement dans le texte, soit sous forme de références aux auteurs classiques (Shakespeare, Maupassant et Saint-Denys-Garneau) qui ont bercé son enfance, soit en hommage à ce frère qui a sauvé des livres des ordures et lui a donné, sans le savoir, la piqure de la littérature. Sans oublier les clins d’œil consacrés à William S. Burroughs, ce romancier américain associé à la Beat Generation et qui s’est illustré en tuant sa femme d’une balle en pleine tête alors qu’il essayait, ivre, de reproduire la performance de Guillaume Tell.

La narratrice, tout comme lui, aime la vie. Elle l’aime à travers les hommes qui la traversent, frères comme amant, et s’abandonne à la tristesse qui découle des accidents et des pertes. À travers les errances, aussi, que la vie nous amène nécessairement à expérimenter.

Que retient-on de cette lecture? Avant tout, son souffle poétique, puisqu’il s’agit d’une écriture travaillée, réfléchie et ciselée comme on le ferait avec les poèmes, avec des moments de grâce que l’on se plaît à relire pour le plaisir. Il vaut mieux par contre oublier l’idée d’action, car on baigne plutôt dans une atmosphère nostalgique, intime, presque confidentielle dont certains pourraient se lasser.

Les variations Burroughs

Sylvie Nicolas

Éditions Druide

176 pages