Frank Desgagnés : Cowgirls
Avec Cowgirls, Frank Desgagnés propose sa vision de l’univers de ces femmes cowboys qui ne respectent aucunement les conventions.
Près d’une vingtaine d’oeuvres photographiques de Frank Desgagnés, montées et créées entre 2004 et 2010, forgent la chair de cette publication des Éditions Cayenne. Deux cowgirls (Marie-Michelle Garon et Geneviève St-Louis) aux visages fades et tristes, sont revues et corrigées sur quelques années, dans la tourmente qu’elles expriment, dans le désenchantement qui en émane.
Deux essais complètent la série d’oeuvres, l’un signé par Sylvain Campeau et l’autre Maxime-Olivier Moutier. Ces deux textes qui constituent près de la moitié du livre, y sont aussi traduits en anglais, sans doute pour y retrouver une américanité qui rappelle celle des cowgirls. Cela dit, ces deux essais se penchent surtout sur l’analyse des oeuvres de Desgagnés et offrent leur propre interprétation de celles-ci. Je me demande encore aujourd’hui leur utilité dans cette publication. Si les deux auteurs offrent leur vision de la chose de manière détaillée, reste que ces textes ralentissent le contact du lecteur avec les oeuvres de Desgagnés.
D’un côté, on peut vanter les créations du photographe qui a su capter le désarroi, la perdition. De l’autre, il est facile de déceler le faux du jeu de ces cowgirls. Elles sont comme elles sont, bien sûr, mais que cherche-t-on à y voir? En bout de ligne, les deux analyses de Campeau et Moutier viennent pallier à ce manque d’explications, mais, au contraire de Ti-Rock où les photographies de Julie Gauthier étaient accompagnées de textes créatifs et aux histoires fictives, Cowgirls ne nous amène pas plus loin. C’est ça et c’est tout. Voilà. Elles ont beau nous offrir leur âme, ces cowgirls n’ont pas le support qui leur convienne.
De loin, les images travaillées de L’effet rodéo #1 et #2 ou l’imaginaire qui se développe à vive allure lorsqu’on croise Il était une fois les galeries Terrebonne intriguent plus que la simplicité et l’ennui qui forgent Lonesome Cowgirls et High Noon qui ne laissent pas suffisamment transparaître le talent du photographe ni celui des actrices et modèles, et qu’on oublie, qu’on efface de notre mémoire, inévitablement.