CAB : Hiver nucléaire
La bédéiste Caroline « CAB » Breault frappe fort avec Hiver nucléaire, une œuvre compilant ses récits web du même nom.
Hiver nucléaire est une BD incroyablement de son temps.
Tout d’abord parue de façon épisodique et indépendante sur Internet, la BD était récemment publiée en livre au début du mois. De plus, l’ouvrage s’inscrit dans l’actualité du moment en mettant en scène un Montréal post-apocalyptique où mutants et humains cohabitent tant bien que mal après un accident atomique plongeant le 514 dans un hiver éternel. Au volant de son valeureux Ski-Doo, on découvre Flavie ; une livreuse de colis qui, bien qu’elle n’a pas la langue dans sa poche, cache un secret explosif. Celle-ci se voit confiée une mission de dernière minute alors qu’une tempête gronde : déposer un paquet de bagels chez Marco, bellâtre hipster du Mile-End.
Mutantréal
Création à quelque part entre l’univers décalé de Scott Pilgrim et les caricatures adolescentes de Daria, Hiver nucléaire se distingue surtout par la qualité de sa diégèse (on propose même un bestiaire des nouvelles bestioles retrouvées à Montréal depuis l’incident !). Bien sûr, Breault aurait pu s’offrir une morale prêchi-prêcha sur fond d’explosion d’une Gentilly-3 fictive construite à Montréal, mais l’auteure prend le pari de ne pas sous-estimer l’intelligence de ses lecteurs et les laisse tirer leurs propres conclusions. On l’en remercie. Aussi à souligner : la recherche visuelle exhaustive pour illustrer la métropole.
Puis vient Flavie, une protagoniste rafraichissante.
Affranchie du look habituel des héroïnes du genre (on la qualifie de « p’tite toutoune » à un moment dans le récit), la livreuse est une véritable force de la nature. Sarcastique, mais pas fataliste ; indépendante, mais pas solitaire et — surtout — brillante.
Bien que certaines références sont malheureusement tendancieuses (rire des hipsters ? c’est tellement 2012 !), Hiver nucléaire s’avère être une oeuvre aussi imaginative que fluide. Même qu’on aurait pris des planches supplémentaires, histoire de déambuler davantage dans ce Montréal drapé de blanc et désormais peuplé de créatures comme des goélands bicéphales.
Vivement une suite !