Gautier Langevin et Olivier Carpentier : Far Out
Avec ce premier tome imprimé, tiré de leur série web, Gautier Langevin et Olivier Carpentier mettent en place une saga à la prémisse fort originale et à la cadence un brin clinquante.
À l’image du nom du projet, Far Out sort vraiment des sentiers battus en ancrant sa science-fiction dans un contexte de western spaghetti. Bien que l’avenue a déjà été explorée par le passé (pensons au film Westworld, par exemple), le duo livre sûrement la première création québécoise du genre.
Pour une poignée de boulons…
À ce jour (le sous-titre « tome 1 » laissant croire que la BD se poursuivra autant sur Internet qu’en album… du moins, on l’espère), Far Out raconte l’histoire d’un robot amnésique parcourant un monde né d’un l’improbable croisement entre Sergio Leone et Isaac Asimov. La ressemblance entre le protagoniste et Buckley, un automate hors-la-loi, le précipitera dans de nombreuses mésaventures. Des cargaisons tomberont du ciel, des coups de feu seront tirés, un bras sera arraché, etc.
Vous le remarquerez, ce résumé est plutôt nébuleux. La nature épisodique de l’œuvre fait en sorte que ce premier tome se dévore à vitesse grand v pour se terminer sur… une accroche. Bien qu’on salue l’audace de Gautier Langevin — qui ne livrera pas toutes les clés de sa diégèse —, bon nombre de questions demeurent en suspens à la fin de cette lecture et viennent même ankyloser le récit. Si à l’image du western spaghetti, on en sait très peu sur les personnages de Far Out, leurs motivations et l’univers qui les entourent sont si nébuleux qu’il peut arriver d’en perdre l’intérêt. Comme, à ce jour,« le nouveau-né » et son sosie Buckley s’avèrent être des entités plus floues que mystérieuses, ces cowboys mécaniques font office de figures clinquantes et génériques. Bref, quelques planches supplémentaires auraient été appréciées, voire salvatrices.
De son côté, l’illustrateur Olivier Carpentier, semble aussi encourager une certaine rencontre des genres (le design technique des robots fusionne ici avec les courbes du street art) et se distingue également par sa colorisation rendant justice au ton désiré. Ne manquerait plus qu’une trame sonore signée Morricone pour accompagner ses panoramas.
M’enfin, malgré une fin d’épisode plus aguichante que concluante, Far Out demeure une série prometteuse et originale. Vivement une seconde parution… plus costaude, on l’espère.
Far Out
Gautier Langevin et Olivier Carpentier
Éditions Lounak
2014
80 pages