Louis Gagné : Une mouche en novembre
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Louis Gagné : Une mouche en novembre

Bienvenue à Ludovica, ville où la grisaille d’automne semble perdurer plus longtemps qu’à son habitude, où tout n’est que détails. Dans Une mouche en novembre, ce premier roman de Louis Gagné, le lecteur doit accepter d’errer dans une ville autant inconnue que singulière. L’errance se fait par tableaux, où les drames sont quotidiens. Ou peut-être bien que le quotidien est dramatique. C’est dans ces incertitudes que nous plonge la narration de Boniface Saint-Jean, un homme récemment licencié qui ne cessera d’être hanté par ce temps libre laissant trop de place au présent. «J’ai peu de souvenirs précis. Ce n’est pas tant que j’oublie, mais le présente occupe toute la place.»

Ici, les enfants naissent dans des gares, les nœuds de cravate nous obnubilent et les chiens rodent. Ludovica est le nom que Champlain désirait donner à Québec, nous voilà donc plongés dans une ville du passé, une ville du fantasme, au carrefour du réel et de la fiction. Un roman où le lieu englobe tout le roman, cette inquiétante étrangeté comme un brouillard où les personnages se perdent et où le lecteur se retrouve avec grand plaisir.

À Ludovica, une petite fille disparaît, quelqu’un brûle, alors qu’encore et toujours, les chiens aboient, quelque chose comme une rare certitude. «De nulle part me parvient une sorte de prélude, un bourdonnement intermittent.» Oui, il y a quelque chose d’intermittent dans ce livre, d’étrange et de beau. Une volonté de se perdre dans l’imaginaire, de chercher des attaches et de s’accrocher aux mots.

Une mouche en novembre, Louis Gagné, Le Quartanier, 136 pages, 18,95$