BloguesBlogue de Laurent K. Blais

Le moment Gates (SXSW 2014)

Ce qui te fait lever malgré le hangover; ce qui te transporte d’un bar à l’autre même si tes pieds brûlent; ce qui te fait hustler chaque pouce dans chaque ligne.

Ce moment, de cet artiste, dans ce contexte, qui n’aurait pu arriver nul part ailleurs qu’ici.

Cette année, c’est Kevin Gates qui m’a donné ce frisson.

Jeudi soir, un peu après les 2 minutes de silence pour les morts de la veille, le Louisianais monte tranquillement sur la scène étroite d’un toit du centre-ville d’Austin. Sa lenteur contraste fortement avec les artistes qui l’ont précédé, plutôt prompt à sauter partout et à s’époumoner. Il tient deux micros à la main (je n’avais vu ça avant, mais c’est une excellente idée), et toise les spectateurs du regard. Silence. Puis il commence à croasser a capella les premières lignes de MYB. Plus personne ne parle, tout le monde écoute.

S’en sont suivis 25 minutes très déstabilisantes, où Gates a complètement accaparer la soirée pour l’adapter à son rythme. Sa plus grande force est déjà la versatilité, alors qu’il est capable d’alterner entre balades et rap testostéroné sans sourciller. En «vrai», il joue ses munitions parfaitement, exploitant un spectre immensément plus large que ses confrères.

Il a gardé «Satellites», une chanson explorant à merveille l’ambiguïté de ses relations avec le beau sexe (et une de ses meilleures), pour la fin. Après avoir étiré le refrain une ou deux fois au-delà de l’instru, il lève les yeux vers la foule, satisfait, souriant. «I really needed that. Have a good night», avant de descendre de scène pour serrer des mains.